Quand un éclaireur
de brousse dit que la visibilité est faible, il faut l'écouter. Il exerce bien
sa fonction, celle de montrer si une route est praticable ou non et si l'on est
sur le bon chemin ou non. Sept mois après une entrée réussie à la Bourse sur la base d'une
souscription qui a conquis le grand public, Alliance Assurance, première
entreprise (privée) à entrer en mars 2011 dans une Bourse où depuis l'an 2000
il ne s'est pratiquement rien passé, commence à se poser des questions. Et à
les poser à tout le monde et aux pouvoirs publics en premier lieu. C'est qu'à
l'aune de ce qui se passe (ou plutôt de ce qui ne se passe pas), l'évènement de
l'entrée d'Alliance Assurance à la
Bourse pourrait être sans lendemain. Ceux qui attendaient un
signal de l'éclaireur pour avancer pourraient choisir la vieille position
nationale de l'attentisme, notre wait and see bien à nous… Quand la
capitalisation d'une Bourse représente un pourcentage dérisoire du PIB, la
conclusion la plus évidente est qu'elle pèse de peu de poids. La Bourse existe néanmoins. Elle
est bel et bien là, dispose d'un lieu et elle est régie par de beaux textes. A
la canadienne, dit-on ! Pourquoi ça ne marche pas ? La faute aux banques, nos
Intermédiaires en opération de Bourse, les IOB ? C'est probable ! Mais là n'est
pas l'essentiel. Ces banques baignent dans un climat général qui dépend des
options - et de la conduite - de politiques économiques. La vie d'une Bourse ne
dépend pas d'une décision administrative ! Ni même d'un plan de modernisation
même s'il peut être nécessaire. Elle est la conséquence d'une politique
économique lisible pour les opérateurs et les investisseurs. Elle n'est pas
antinomique avec la préservation d'un secteur public, elle peut même être le
levier pour le rendre performant et efficace. Dans la structure actuelle de
l'économie algérienne, c'est bien l'entrée en Bourse de certaines entreprises
publiques à travers une privatisation partielle – après tout on a officialisé
le 51/49% ! – qui pourrait créer la dynamique nécessaire. Nul besoin de refaire
le monde. Ni d'inventer une voie spécifique. La Bourse peut être un moyen
efficace de mobiliser une épargne qui ne trouve pas à s'employer et elle peut
servir d'aiguillon pour moderniser sérieusement – enfin - la gestion des
entreprises publiques. Sans se faire les apôtres d'un « marché, suprême
régulateur », il y a manifestement dans la cotation en Bourse une exigence de
transparence et d'information qui contraint à un minimum de rigueur dans la
gestion. Les sommes faramineuses – plus de 180 milliards de dollars en 20 ans !
– dépensées dans les «assainissements» des entreprises publiques auraient pu
trouver d'autres emplois bien plus judicieux, assurément plus pertinents. Le
fait que cette thématique, vieille d'au moins trente ans, continue d'être
débattue est l'indice d'un très coûteux surplace. La Bourse vide d'Alger en est
le symptôme. On comprend mieux son désarroi, si l'éclaireur peut indiquer la
voie, il ne peut en aucun cas la paver.
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Posté Le : 13/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com