Algérie

Notre supplément économie avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : Un printemps salarial, loin de Hassi Messaoud, près de la Puerta del Sol



Pendant que leurs frères tunisiens s'adonnaient aux joies et aux angoisses d'un printemps politique à l'issue encore incertaine que faisaient les Algériens ? Regardaient-ils passer tranquillement le train des révolutions sur le mode du « on-a-déjà-donné-et-on-ne-nous-reprendra-pas »? Non, pas vraiment. Les Algériens qui, dit-on, ont un problème «culturel » avec l'économie de marché et l'entreprise privée, ont bien eu leur printemps. Mais il est social. Salarial, si on veut être précis. Finalement, quoi qu'il prétende, le pouvoir algérien a été très influencé par la révolution tunisienne et ses suites. Il a accepté les ajustements salariaux, plutôt substantiels, qu'il refusait jusque-là au nom d'un rapport de forces qui semblait lui être durablement favorable. On fait désormais les comptes. Le printemps salarial se chiffre par une hausse salariale de l'ordre de 20 à 25%. C'est bien le chiffre au-delà duquel Air Algérie (donc le gouvernement) ne serait pas prête à aller. Le conflit de la compagnie nationale est un indicateur national. Au-delà de cette limite, le pouvoir algérien voit rouge. Qu'à cela ne tienne. Dans le cadre de cette limite, beaucoup de catégories n'ont pas été servies et sont donc demandeuses d'ajustements. Si le «printemps salarial» rencontre un obstacle, il a encore l'argument des mises à jour et des alignements à faire pour continuer à durer… Ceux dont le boulot est de faire les comptes en s'arrachant des cheveux résiduels – on aime les imaginer ainsi même si Hachemi Djoudi n'a pas l'air d'être dégarni – pourraient se rassurer à l'idée que le vieux puits de Hassi-Messaoud n'est pas près de finir, qu'il a de la réserve pour permettre de confiner le printemps dans les salaires et l'empêcher de déborder dans la politique. Mais ce serait une pensée coupable, une régression par rapport au difficile progrès des idées «économiques » dans ce pays inégalitaire dans les faits et populiste dans le discours. A ceux-là, les économistes donnent rendez-vous à la fin de l'année. L'inflation, relativement modeste, pourrait prendre un beau coup de pouce. L'économie prendrait sa revanche. Le rêve du ministre des Finances de voir les hausses salariales s'investir dans les offres de logements a peu de chance d'avoir des lendemains. En cause ? Une offre faible et des montages financiers peu opératoires. Du coup la hausse des salaires va vers la consommation où l'offre, locale, n'est guère extensible… Dans l'agroalimentaire, les entreprises travaillent déjà à flux tendu, sans stocks. Le jeu de la course des salaires pourrait bien reprendre malgré le coup de frein de juillet. Si Hassi-Messaoud a encore de la réserve, cela donne un peu d'aisance, cela ne donne pas de réponses. Et les inégalités, le chômage et l'absence de logement sont toujours des raisons de s'indigner et de bouger. De Tamanrasset à la Puerta del Sol, là où les «indignados» pensent que l'économie et les finances sont des choses trop importantes pour être réservées aux happy-few même s'ils s'autoproclament experts. Même s'ils sont des banquiers. Surtout s'ils sont des banquiers impénitents qui se font sauver la mise par les Etats (qui se servent sur les peuples) avant de spéculer contre eux !




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