Deux économistes
du FMI font une analyse prospective sur le découplage en marche entre les prix
du gaz et du pétrole sur le marché mondial et choisissent le cas, significatif,
de l'Algérie pour en mesurer l'impact futur. Le document est inquiétant pour un
pays qui peine à trouver les moyens de diversifier son économie alors que ceux
qui ont aujourd'hui 20 ans risquent de vivre à 45 ans dans une Algérie sans
pétrole. Quand le FMI ne nous promet pas des miracles mais des ennuis, il faut
lire attentivement. Il faut le faire d'autant plus que la déprime du marché
gazier est en train de miner les contrats à long terme qui sont des facteurs de
stabilisation. La concurrence de Sonatrach accepte
déjà qu'une partie des quantités vendues en contrat long terme soit fixées sur
le marché spot. Bien sûr, tous ne sont pas d'accord avec la projection
alarmiste exprimée par les économistes du FMI, mais personne ne doute que
l'absence de diversification de l'économie algérienne est un danger sérieux. Si
le pays n'arrive pas à créer une économie hors hydrocarbures, il va vers des
déconvenues sérieuses et des crises dangereuses. Certaines projections sur
l'avenir ne visent pas à cultiver la sinistrose mais à alerter. Dans les pays
qui fonctionnent le pire est envisagé afin de l'éviter et de prendre, sans
attendre, les mesures et les actions qui éviteront, demain, qu'il devienne
inéluctable. Cela fait des décennies qu'on parle de l'après-pétrole.
Il faut s'imprégner totalement de l'idée que cette ère attendue et redoutée est
déjà là. Et il faut clairement envisager que le gaz, en dépit de son importance,
pourrait ne pas être une rente de substitution suffisante. La conclusion est
évidente : il faut libérer les énergies, encourager l'investissement productif.
Dans cette Algérie qui tourne en rond, ce ne se sont pas seulement les
économistes qui s'alarment. A son niveau, le président du SNAPO (syndicat des
pharmaciens d'officines) alerte sur le fait qu'une dizaine de grossistes en
médicaments tendent à fédérer leur démarche afin d'éliminer les autres
grossistes. Même si le nombre de grossistes en médicaments (560) est jugé
anormalement élevé par les autorités, la description que fait le patron du Snapo fait de la démarche des «dix» est effectivement inquiétante. De quoi donner à réfléchir en s'offrant des
vacances chères dans l'Ouest du pays. Et comme l'Egypte a souvent préfiguré nos
«évolutions», il n'est pas inutile de faire un état des lieux quatre mois après
la révolution d'Al-Tahrir. Les frérots et les
militaires seront-ils l'avenir d'une Egypte qui désapprend l'antique règle de
la peur et de la soumission ? Mais pour conclure, le gaz n'est pas forcément un
gage pour l'avenir. Le futur dépendra largement de ce qu'on fait maintenant. Ou
de ce que l'on ne fait pas.
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Posté Le : 28/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com