Les banques ne
sont pas des oracles mais elles peuvent être des indicateurs de tendance. Dans un
pays où la richesse se cachait, ailleurs dans des pays «tranquilles», car
frappée du sceau de l'illégitimité, HSBC (Hong Kong &
Shanghai Banking Corporation), l'une des plus grandes
banques du monde, cible les Algériens très aisés, les fortunés dont les dépôts
dépassent les 10 millions de dinars. La projection de HSBC, en dépit du
«nationalisme économique» et des appels «à nationalisation», n'a rien
d'extraordinaire. Cela fait déjà longtemps que la richesse ne se cache plus
même si, par crainte des aléas propre au régime, les comptes se placent
ailleurs. HSBC nous laisse peut-être entendre que «l'insécurité» qui pousse les
fortunés à laisser leurs comptes chez les Helvètes et autres est en train de
prendre fin. Les comptes peuvent-ils se rapatrier ? Doutons, doutons ! Et puis
ce n'est pas nécessairement un motif d'optimisme. Les raisons invoquées par
HSBC pour estimer que l'Algérie est un pays où il faut être sont plus
encourageantes : PIB, revenus à l'exportation, taux de croissance. Des
fondamentaux plus prosaïques certes, mais plus sérieux que les fortunes
irrémédiablement perdues pour le pays dans les paradis fiscaux protégés. On
peut trouver mieux et plus concret. Par exemple, le bilan très positif de l'an
I du Centre de commerce et de loisirs de Bab Ezzouar. Cela marche très bien. Et il n'est pas nécessaire
d'être fortuné pour avoir une raison d'y aller dans une ville-capitale
qui s'ennuie le samedi car elle voit venir le dimanche, le lundi, le mardi, le
mercredi, le jeudi… et le vendredi après-midi. Et cela marche tellement bien
qu'Oran, Sétif finiront par avoir les leurs… Et si vous persistez dans la
sinistrose et que vous croyez que l'Algérie n'est qu'un pays d'infortunes, lisez
donc l'attachant portrait de l'Indien Ahmed Siddiqui,
qui a fait une halte durable parmi nous en pleins tumultes des années 90 et a
fini par nous planter un Taj Mahal
qui marche tellement bien qu'il a donné naissance à un deuxième. Mais si la vie
n'est pas foncièrement noire, elle n'est pas rose non plus et il y a beaucoup
d'épines. En Tunisie, dans les régions d'où est partie l'étincelle qui fait
fuir le dictateur que la justice libérée de «lui» commence à juger, à Sidi Bouzid, à Kasserine… c'est déjà presque le désenchantement
et une colère encore vive qui enfle, qui enfle. Les déshérités font les comptes.
Ils ont fait la révolution mais rien ne change encore. Ils en parlent. Crûment.
Un avertissement.
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Posté Le : 21/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com