La règle 51/49% en matière de répartition
du capital entre Algériens et étrangers dans les investissements productifs ne
sera pas changée par la loi de finances complémentaire 2010. Les yeux rivés sur
les 4 investissements réalisés en 2009, certains avaient pensé,
«rationnellement», que l'on allait réviser la mesure. C'est en réalité oublier
que les gouvernements algériens n'ont pas l'habitude de changer si vite et
d'admettre qu'ils ont peut-être fait fausse route. Comme dans d'autres
domaines, on ira «jusqu'au bout…»… C'est ainsi ! Mais le gouvernement pourrait
essayer – comme le lui suggèrent des spécialistes – d'améliorer l'emballage de
sa politique économique et cesser de la présenter comme un acte de défiance
préventif contre l'éventuel partenaire étranger… Deux cimenteries qui sont
toujours en Algérie passées, dans une pure logique capitaliste, de mains égyptiennes
à des mains françaises, méritent-elles que l'on paraisse si abrupt à l'égard
d'investisseurs potentiels si bien accueillis dans le voisinage ? L'emballage
d'une politique ou d'un produit, c'est une affaire sérieuse. Il ne faut pas
croire que les investisseurs potentiels vont comprendre de facto que le marché
algérien est très important. Non, ceux-là, avant de venir, liront les rapports
des services économiques de leurs ambassades et quelques rapports
d'organisations internationales sur le climat des affaires… Ils n'écouteront
pas des ministres algériens disant leur «foi» que le marché algérien est si
juteux que les investisseurs ne pourront que venir… Apprenons donc à vendre et
à soigner l'emballage. C'est basique. Il est vrai aussi que cela ne suffit pas.
Même le «nationalisme économique» ne peut se contenter d'édicter ce qu'il ne
veut pas s'il n'a pas une idée claire de ce qu'il veut et où il va. Le naufrage
silencieux du complexe Tonic Emballage en est un exemple concret. On n'a pas
voulu que l'imprudente banque publique qui a accordé le gros crédit donne un
large échéancier au propriétaire mais on ne sait pas pour autant ce qu'il faut
faire de l'investissement. Devant le risque d'une dégradation irrémédiable de
l'outil de production, il ne faut pas attendre un avis du FMI pour agir… Le
nationalisme économique dans lequel nous sommes officieusement ne semble avoir
ni contenu, ni emballage… Les optimistes attendront encore la LFC 2010, les
désabusés hausseront les épaules et passeront Tonic Emballage, comme Khalifa
avant lui, dans la case des infortunes d'un capitalisme algérien familial et
trop dépendant…
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Posté Le : 06/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com