Ingérable Mobilis ? D'anciens cadres
expliquent en «off» qu'il n'en est rien… A condition de la libérer des
contraintes qui l'empêchent de concurrencer les deux autres opérateurs.
'L'entreprise Mobilis est-elle ingérable
? A cette question, des cadres, anciens ou encore actifs, préfèrent répondre
autrement et en «off». «Obligez, disent-ils, les deux autres opérateurs de
téléphonie mobile présents en Algérie à suivre le modèle de gérance imposé à
ATM Mobilis ou à partir, ils choisiront sans hésiter de partir».
En clair, les ailes de l'entreprise sont
plombées alors qu'elle est censée concurrencer, Djezzy et Nedjma, et essayer de
reprendre son statut perdu de «numéro Un». Officiellement, c'est le but que lui
assignent les pouvoirs publics. Sauf qu'au nom de la rigueur et de la
transparence, on lui impose des normes de gestion jugées très contraignantes.
Si le secteur de la téléphonie mobile est
très concurrentiel, cela tient au fait que les opérateurs disposent d'une
grande «réactivité» à l'égard des évolutions marché. Dans un domaine qui bouge
constamment en raison des évolutions technologiques, «agir vite et même
anticiper, c'est cela la norme» souligne un cadre qui a longtemps travaillé
pour Mobilis.
Etre réactif signifie parfois d'acquérir
des équipements pour répondre à une demande urgente d'extension de réseau ou,
tout simplement, pour anticiper sur une hausse des prix sur le marché, nous
explique-t-on.
Agir vite ou être «out»
Pour cela, «il faut que l'entreprise soit en mesure de décider et
d'engager les actions nécessaires pour mettre en exécution les décisions». Des
actions «rapides» et, surtout, «discrètes» pour ne pas éveiller l'attention des
concurrents qui ne doivent pas deviner (du moins rapidement) la stratégie de
l'opérateur.
Sur ce registre, Mobilis est «out». Quand une entreprise doit
passer inévitablement par le système de l'Appel d'offres pour s'équiper, «elle
se tire une balle dans les pieds». L'exécution des appels d'offres demande
beaucoup de temps (plusieurs mois voire une année au moins) et cela permet aux
concurrents de deviner, sans aucune difficulté, les intentions de l'entreprise
et de prendre les devants pour les contrer.
L'autre souci des cadres, et non des moindre, se rapporte aux
risques de gestion. Comme les banquiers, ils sont soumis, en particulier depuis
quelques années, à une énorme pression. Ils doivent exceller dans leur mission
et en même temps, ils doivent rouler à vitesse réduite et ne prendre aucun
risque s'ils veulent éviter les sanctions ou pire la prison.
La «gouvernance particulière»
Plusieurs cadres soulignent que Mobilis est déjà dans la situation
de «gouvernance particulière», dont parlait récemment le ministre de la Poste
et des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC). Elle doit
se battre dans un marché concurrentiel sans avoir la liberté nécessaire pour le
faire dans de bonnes conditions.
Mobilis n'est pas ingérable, affirme-t-on, mais l'Etat
propriétaire doit savoir ce qu'il veut et trancher. La première option, la
meilleure selon ces cadres, est de laisser le management voler de ses propres
ailes et démontrer ses capacités. C'est un challenge qui peut être relevé avec
l'objectif d'améliorer la rentabilité de l'entreprise et de reconquérir le
terrain perdu à la suite des années de quasi hibernation. L'entreprise s'était
vu en effet bloquer 500.000 lignes au moment de l'ouverture du marché à la
concurrence.
Si cette option d'entreprise agissant de manière libre sur un
marché concurrentiel n'est pas acceptée, il faudra alors tout simplement
décréter Mobilis, institution d'utilité publique. «Dans ce cas, il faudra la
décharger de l'obligation de concurrencer les autres opérateurs de téléphonie
mobile».
Il n'est pas possible, explique-t-on, de demander à l'opérateur
public de couvrir 100% du territoire national, d'installer des antennes relais
dans les moindres recoins du pays, ce qui est fort coûteux, et de lui demander
d'être économiquement rentable.
Les cadres interrogés ne cachent pas leur préférence pour l'option
du marché. Mais, soulignent-ils, continuer à contraindre l'entreprise à une
«gouvernance particulière» fondée sur deux logiques de gestion contradictoires,
est intenable. Et les dernières péripéties à la tête de Mobilis ne font que les
conforter dans leur analyse.
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Posté Le : 20/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com