Le consommateur
algérien n'existe pas. Il n'y a que des acheteurs qui doivent prendre ou… laisser
! Le dispositif juridique en place lui laisse si peu de place qu'on est tenté,
sans prendre beaucoup de risques, d'y voir une duplication dans la sphère
commerciale de la citoyenneté limitée concédée dans la sphère politique. Quand
l'existence juridique – et politique – n'est concédée que pour la forme, il ne
reste que le rapport de forces brut. Et il est loin d'être en faveur du
consommateur-citoyen. Même quand celui-ci fait l'effort de s'organiser en
association, il découvrira en fouillant l'arsenal des lois de la RADP qu'il ne
peut se constituer partie civile devant les tribunaux. Sans doute au nom de
l'idée toute théorique que c'est l'Etat qui fait tout, y compris d'assurer la
protection du consommateur. Mais, la Malaisie immobile étant une vue de
l'esprit, on n'en finit pas de découvrir qu'un Etat qui prétend tout faire ne
fait, en définitive, presque rien. Mais faisons mine de croire que quelque
chose se passe dans le long feuilleton de la quête d'adhésion de l'Algérie à
l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En près d'un quart de siècle de
négociations infructueuses, on découvre combien est coûteuse la décision prise
en 1994 de ne pas aller à Marrakech – au fait quelqu'un peut-il nous dire
pourquoi ?- prendre part au lancement de l'OMC. Quand on n'est pas dedans et qu'on
vient, par la suite, frapper à la porte, que découvre-t-on ? Le rapport de
forces, pardi ! Comme le fantomatique citoyen-consommateur algérien le découvre
en commerce et en politique… Comment négocier avec le reste du monde des choses
alors qu'on a fait preuve, à l'étonnement renouvelé de ceux qui relisent
l'accord d'association, d'une générosité déplacée avec l'Union européenne ? Et
puis surtout comment entrer à l'OMC après avoir changé de cap – de manière
infructueuse selon les détracteurs – en matière de politique économique ? Il
reste peut-être à éviter de se remettre dans des situations, inutilement
coûteuse pour les comptes du pays. Dans le long feuilleton Djezzy par exemple
où l'on est passé d'un illusoire « droit de préemption » à un rachat « ordinaire
» à la facture qui s'annonce très salée, des « gorges profondes » suggèrent que
c'est une mauvaise affaire. Bien le citoyen-consommateur à l'existence
juridique improbable n'est pas en mesure de décider qui de Gorge profonde ou
d'Ouyahia (l'Etat achètera, dit-il !!!) a raison ? C'est qu'il lui manque une
information simple et transparente. Comme celle qui est donnée obligatoirement
aux citoyens qui font les gouvernements et aux consommateurs qui traînent les
tricheurs devant les tribunaux. En attendant ces temps bénis, le citoyen qui
n'existe pas a de bonnes raisons de tendre l'oreille à gorge profonde, cette
source prétendument « hostile».
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Posté Le : 03/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com