Notre supplément économie avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : Investir dans le bon éclairage

Nos responsables le savent sans doute : sous des dehors d'attachement aux principes, les contours de notre diplomatie deviennent brouillés. Pour faire court, beaucoup ne comprennent qu'on ne veuille pas s'ingérer dans des affaires de la région qui nous concernent de manière directe et immédiate… et que l'on laisse la voie aux autres. En diplomatie, comme en économie, on ne semble pas faire preuve de réactivité. On n'aime pas les placements à long terme. On se contente de gérer au jour le jour. Reformer le système politique est un investissement à long terme qui peut causer des désagréments – et même une baisse de notation chez les agences de notation du capitalisme – mais qui est profitable sur le long terme. Dépenser de l'argent pour calmer ceux qui contestent est un investissement à très court terme. Mais à ce jeu-là, on ne sait plus où la course s'arrêtera. Raisonnablement, ceux qui sont en charge de la gestion de l'argent public finiront par dire pouce et aller vers cette réforme politique qui leur parait si indésirable. Mais investir sur le long terme suppose une vision prospective. Tant de pays «tranquilles» et «soumis» se mettent en mouvement et c'est bien la chose la plus naturelle qui soit. L'inertie et l'immobilisme deviennent les vraies menaces. On regarde la Libye se perdre. On n'a pas trop montré d'enthousiasme à l'égard de cette Tunisie qui s'est retrouvée en bannissant la tyrannie. Des amis tunisiens nous le disent avec une grande pudeur. Nous pouvons encore le faire en investissant sur le Maghreb. Des fenêtres d'opportunités s'ouvrent… Que l'on risque de rater si on les regarde avec un esprit rigide. Nos dirigeants ignorent un grand secret : on est déjà des Maghrébins même si nous n'en n'avons pas encore la traduction politique. Pour voir cette massive évidence, il faut un bon éclairage. Qui ne viendra pas d'une lampe économique même si elle est utile. Non, le bon éclairage ne peut venir que des débats qui ne peuvent être féconds que s'ils sont libres.