La Libye s'embrase. Le fils du guide, le
Saïf, le Glaive, passe, hagard, à la télévision, pour menacer les Libyens de
guerre civile. Le guide, lui, après un «bain de foule» il y a quelques jours
sur la Place verte, est out. Sans boussole. Il n'y a pas de motivations
économiques directes à la grande révolte des Libyens et cela devrait
interpeller ceux qui ne voient jamais rien de « politique » dans les mouvements
de la société. Il y a un besoin de rétablissement d'une dignité bafouée
continuellement par un système infantilisant qui n'a jamais manqué de
ressources. Ce que la Libye nous enseigne est que la privatisation de l'Etat,
du pouvoir et de la politique ne peut mener qu'au gâchis. Quand les sociétés se
soulèvent et bousculent l'ordre injuste, l'économie commence par en pâtir
négativement. Des activités importantes subissent les contrecoups. C'est le cas
de l'Egypte. Mais si personne ne conteste les impacts négatifs immédiats sur
l'économie, beaucoup souligne que celle-ci va gagner sur le long terme grâce à
l'investissement démocratique. C'est, derrière les combats sociaux et les
revendications de type économique, la grande demande démocratique qui, à défaut
de trouver une offre sérieuse, se forge des chemins à coups d'occupations des
places publiques. C'est que les sociétés ont compris qu'elles n'ont pas besoin
de guides ou de prophètes mais d'institutions représentatives fortes, de
liberté, de démocratie et d'Etat de droit. Même un pays riche en pétrole et en
gaz et faiblement peuplé n'échappe plus à cette demande démocratique qui est en
train de changer l'aire arabe de fond en comble. Toutes les sociétés arabes
sont « mûres» pour les libertés. Ce sont les régimes qui ne le sont pas et
entravent les dynamismes économiques et culturels de leurs peuples. Après la
Tunisie, l'Egypte et aujourd'hui la Libye, ceux qui continuent de s'accrocher à
des modes de gestion autoritaires n'auront tout simplement pas saisi qu'une
tendance lourde est en cours. Ils sont sans boussoles. Comme un guide qui se
croyait éternel roi des rois et qui ne comprend pas pourquoi les Libyens
l'invitent, dans la peine et la souffrance, à sortir de leur vie.
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Posté Le : 22/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com