Algérie

« Notre pays est encore loin de la sécurité économique »


La sécurité économique exige un certain nombre de conditions que l'Algérie ne remplit pas encore. L'une des plus importantes conditions, c'est d'être capable de réaliser des recettes à partir d'une production nationale. C'est ce qu'a rappelé, hier, Abdelkader Hadir, universitaire et chercheur en économie lors d'une conférence de presse au Centre de recherches stratégiques et sécuritaires. « Pour assurer une sécurité économique, il faut, d'abord, garantir une sécurité alimentaire et ne pas dépendre des importations. Or, l'Algérie n'a ni l'une ni l'autre. Ce qui signifie que notre pays est encore loin de la sécurité économique », constate-t-il, en rappelant que la guerre économique ou « géoéconomique » contre les pays pauvres et émergents se poursuit toujours, mais sous d'autres formes. Ainsi, plusieurs stratégies sont adoptées par les pays développés, afin que les pays moins développés restent dépendants d'elles.Parmi ces stratégies, signale-t-il, encourager les importations pour affaiblir l'économie nationale. « C'est le mal dont souffre notre pays. Notre économie est, non seulement, faible et vulnérable, mais elle est bridée par un volume d'importations qui est passé en l'espace de 5 ans, de 20 milliards de dollars en 2005 à plus de 42 milliards de dollars en 2011 », déplore-t-il. Les produits alimentaires arrivent en tête avec à 10 milliards de dollars en 2011 et atteindront, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation, les 15 milliards de dollars d'ici 2015. Par ailleurs, l'investissement est l'autre condition que l'Algérie n'arrive pas à satisfaire. Malgré les efforts fournis dans ce contexte, l'environnement adéquat pour lancer et attirer les investissements n'est toujours pas assuré. « Il y a des contradictions entre les chiffres nationaux et ceux annoncés par des institutions internationales. Selon l'Agence nationale de développement des investissements, 902 projets d'investissement sont engagés pour 2012 d'une valeur de 6,82 milliards de dollars alors que l'Organisation arabe de garantie des investissements assure que les investissements en Algérie ont régressé de 60% de 2009 à 2011 et ce, à cause de la réglementation 49/51, instaurée par la loi de finances complémentaires 2009 », souligne-t-il. A ce problème s'ajoute un autre : « Nous ne disposons pas d'une intelligentsia économique capable de fournir des solutions concrètes à nos problèmes », estime M. Hadir. Pour aller vers une sécurité économique, l'expert suggère de se diriger vers les secteurs hors hydrocarbures, tels l'agriculture et surtout le tourisme. « Dans ce cas là, la stratégie du tourisme est à refaire. Il n'est pas normal que les prévisions d'un pays comme la Tunisie annonce, pour 2014, la visite de 10 millions de touristes alors que l'Algérie annonce la visite de 4 millions de touristes en 2025 », conclut-il.