Algérie

Notre liberté !



Certains lecteurs m'écrivent pour exprimer leur mécontentement par rapport à ce qu'ils considèrent comme un changement de la ligne éditoriale du journal. Première remarque : bien qu'étant copropriétaire de ce journal, je ne suis responsable que de ce que j'écris moi-même. Le Soir d'Algérie fonctionne selon la formule de l'autonomie rédactionnelle ; autrement dit, ce sont les responsables de la publication et de la rédaction qui décident de la ligne éditoriale dans le cadre de notre orientation générale, clairement exposée dans la devise du journal empruntée à Pullitzer. Secundo, je crois que nos lecteurs font référence à «l'adoucissement» de nos positions qui exprimaient, avant le changement du pouvoir et parfois de façon agressive, notre opposition à la politique du clan oligarchique familièrement appelé «bande» ou «issaba».Ils ne comprennent pas ce changement. Pourtant, c'est la même honnêteté intellectuelle qui agit dans les deux cas : notre opposition à Bouteflika et notre soutien à Tebboune. Autant le premier a été dépassé par les évènements dès sa perte de contrôle du pouvoir pris en otage par son frère et ses amis affairistes, autant le second est bien installé aux commandes avec une ligne patriotique et des objectifs clairs. Pourquoi devrions-nous ressortir à nouveau nos griffes alors que se réalise, sous nos yeux, tout ce que nous avons souhaité pour notre pays comme l'autonomie de sa décision politique, le développement de notre économie en dehors des petits calculs des importateurs qui ont failli couler le pays, le soutien multiforme aux populations déshéritées et un retour aux options fondamentales de la diplomatie algérienne '
Il s'agit d'un soutien critique où nous gardons notre droit à l'analyse objective et je crois que cette dernière est encore présente dans nos écrits. Nous gueulons, par exemple, contre les opérations démagogiques et populistes comme la énième arabisation ou l'attaque improductive de la langue française, ou encore la mainmise des religieux sur la vie sociale, etc. Mais nous n'avons jamais cru que la liberté se manifeste uniquement dans la critique. Je crois que la véritable liberté est celle qui nous permet de choisir notre positionnement en fonction de nos convictions profondes et non de sordides calculs politiciens ou d'intérêts personnels. Et c'est cette liberté qui nous permet de soutenir Tebboune. Il n'y a aucune liberté à nous obliger à rester toute notre vie dans le camp des opposants alors que nous voyons des changements fondamentaux dans la politique du pays qui augurent de belles moissons.
Evidemment que ce n'est pas la démocratie rêvée ; évidemment que des problèmes archiconnus continuent de miner notre quotidien et j'en parle souvent, en me prenant comme citoyen - référence aux droits spoliés ; évidemment que la bureaucratie nous étouffe, que la corruption nous étrangle, que les spéculateurs nous étranglent ; évidemment que les voleurs n'ont pas entièrement disparu, que les saboteurs sont plus nombreux, etc. Et c'est justement parce qu'ils sentent que le changement est sérieux cette fois-ci et que l'assainissement les emportera bientôt, qu'ils se liguent massivement contre ce mouvement de refonte et de renouveau, espérant garder des privilèges indûment acquis.
Notre liberté est de dire ce que nous pensons et nous l'avons prouvé face au précédent pouvoir qui nous a privés de publicité institutionnelle durant une dizaine d'années. Nous avons tenu bon !
À ces lecteurs enfin : votre journal n'a pas changé. Il se peut que nous n'ayons pas la même vision sur la situation actuelle mais cela fait partie de la vie : on a forcément des points de vue qui peuvent se rencontrer ou s'opposer mais c'est de la diversité que naissent la richesse et la justesse. Nous ne vous blâmerons jamais, nous ne vous considérerons jamais comme moins patriotes que ceux qui sont dans l'autre camp. La vie politique a besoin d'opposition, sinon, c'est la pensée unique !
M. F.


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