Adepte du journalisme culturel itinérant, dans le projet Onorientour, un magazine culturel électronique, il est social, média manager et assistant rédacteur en chef. Dans le projet Onorientour il a été photo-reporter et chargé de communication. Après des études en Algérie, Mehdi part en France où il est installé depuis 5 ans, il y finit son master en marketing digital tout en travaillant dans le domaine de la publicité. Cela fait 2 ans et demi qu'il fait de la photo. A 25 ans, ce jeune homme plein d'ambition a déjà fait du chemin en explorant pas mal d'activités. Gageons que ses projets se réaliseront car tout professionnel qu'il est, cet amoureux du milieu artistique, espère réellement apporter son édifice dans la promotion de la culture arabe et du Moyen-Orient. Un objectif solide qui, on l'espère, portera ses fruits, là où les politiques ont échoué...L'Expression: Tout d'abord, un mot sur votre équipe, les porteurs du projet Onorientour et comment est-il né'Mehdi Drissi: On était trois, Oumeima et Hajer qui sont Marocaines et travaillent au magazine depuis le début, elles sont fondatrices autant que moi. Le magazine a été créé en 2013. Il y a deux ans et demi. Depuis mars dernier, après tout ce qui s'est passé à Paris, les événements de Charlie Hebdo, l'attentat du Musée du Bardo à Tunis notamment, on ne savait pas comment réagir à ça par rapport au magazine culturel qu'on avait. Les filles avaient écrit une tribune qui s'appelait «De la résistance culturelle dans le Monde arabe». Cette tribune a été soutenue par pas mal d'intellectuels et artistes dont le cinéaste Nabil Ayouche, Yasmina Khadra et d'autres. À partir de ça on a commencé à penser au projet Onorientour. En mars-avril dernier on a commencé à participer à des appels à participation pour monter le projet de voyage culturel.Comment avez-vous financé ce projet de voyage justement'Il y a eu une partie qui a été financée à hauteur de 30% du crowdfunding avec mille euros et on a participé à un appel à participation de l'Institut français. Il y a eu la fondation France, Rouiba aussi. Le magazine s'intéressait à la culture du Maghreb et du Moyen-Orient. Nous, en France, on a senti qu'il y avait un climat assez tendu vis-à-vis des Arabes en général. Il y a eu des tensions, les gens avaient peur. Principalement de l'Arabe. L'idée était de restituer une image positive de l'Arabe. On vit en France certes, mais on est algérien, marocain, même si on n'est pas dans le déni des guerres et du terrorisme. O.K. il y a ça, mais il y a énormément de choses positives que véhiculent les «Arabes» aussi. Et comme on est un magazine culturel, on voulait mettre les projecteurs sur ces acteurs culturels, artistes émergents. On est parti le 10 septembre et rentré le 20 décembre. Cela fait 4 mois et demi. Nous avons visité six pays, l'Egypte, le Maroc, la Tunisie, la Jordanie, l'Algérie et le LibanVous revenez avec quel état d'esprit'Au début quand je suis parti je me suis dit que je vais voir des gens qui essayent de faire des choses et je me suis rendu compte qu'il y a beaucoup de gens qui font réellement des choses et ne se contentent pas d'essayer. Beaucoup de choses se font. Quand je compare juste avec nos voisins tunisiens et marocains, je me rends compte qu'ils ont énormément d'espaces culturels où ils peuvent se rendre, qui sont mis à la disposition de tout le monde, du plus populaire au plus branché. En Algérie nous avons du mal à trouver ces lieux culturels. Il y avait trois catégories sur notre site, artistes culturels, acteurs culturels et puis espaces culturels. Le problème ici en Algérie est qu'il n'y a pas de lieux culturels; mis à part la Baignoire et le Box 24, ici à Alger il n'y a que ça. Les Maisons de la culture sont trop institutionnelles. Ce n'est pas indergroud. Pas d'espace alternatif. Je pense qu'il y a un gros manque dans ce cens à combler ici en Algérie. Au Liban je suis resté trois semaines. Pendant trois semaines je n'ai pas vu un seul endroit qui ressemble à l'autre. C'était tous les jours un endroit nouveau, différent. C'est vrai que Beyrouth est connue pour sa vie nocturne et culturelle, mais il faut savoir aussi qu'elle a été détruite six ou 7 fois en 30 ans, mais cela n'empêche pas les gens de sortir. Il y a eu une bombe là-bas, juste avant notre arrivée. En Egypte tu sors à 3h du matin, tu trouves les restos ouverts. Je parle juste des endroits populaires. Ici il faut que les gens puissent s'habituer à sortir, mais ce n'est pas encore le cas.Donc vous êtes revenu enrichis de tous ces voyages. Avec ou sans frustration'Enormément d'enrichissement, mais sans frustration car on ne peut pas se comparer aux autres pays, ni se comparer au Maroc, la France, ils ont d'autres politiques, d'autres visions des choses. D'autres histoires. Je suis très satisfait de notre tour. Nous avons eu énormément de retours positifs parmi les Français. A la base, l'idée était de faire découvrir aux Français la culture arabe, mais aussi aux Arabes eux-mêmes. Au départ on avait un projet de documentaire sur l'identité arabe en 2015. Qu'est-ce qu'être arabe en 2015' On s'est rendu compte qu'ici en Algérie on ne se prend pas pour des Arabes, en Tunisie et au Maroc non plus. Au Liban on se prend pour des Phéniciens. Ils sont où les soi-disant Arabes' Elle est où cette identité arabe alors' Et pourtant, on partage énormément de choses avec les autres pays, je ne comprends pas pourquoi aujourd'hui il y a beaucoup d'échanges entre la France et l'Algérie, le Nord et le Sud, l'Espagne et le Maroc et il n'y a pas d'échanges entre nous. Je reviens au problème de mobilité. Les visas sont difficiles à avoir par rapport à l'Egypte, la Jordanie. le Qatar et les Emirats, on n'a pas pu y accéder car les filles n'ont pas pu avoir de visas. Pour dire les choses comme elles sont, une fille de moins de 30 ans qui va seule au Qatar, elle est considérée comme une prostituée. Si elle n'est pas accompagnée de son père, son frère ou son mari elle ne peut pas. Il y a énormément de choses à faire et à construire, pas qu'en Algérie mais entre nous surtout. Quand je vois qu'il y a une Union européenne qui n'est basée sur aucun lien culturel entre ces pays et que nous, par exemple, on écoute du Oum Kaltoum et on écoute du cheb Khaled en Jordanie, c'est inconcevable. Le lien est là et à travers lui on peut construire beaucoup de choses. Par exemple, les artistes que j'ai rencontrés à l'extérieur de l'Algérie tu leur demandes: «Etes-vous déjà partis dans d'autres pays arabes», ils te répondent «non, bof». Pourquoi' Je ne sais pas, ils ne m'invitent pas ou il n'y a pas d'investisseurs. Les gens ne comprennent pas.»Quels sont désormais vos projets'On a senti qu'il y a un énorme manque de communication. Les artistes ne se connaissent pas entre eux. Ou les structures, les galeries entre elles. Il y avait un festival de musique en Egypte qui ne connaissait pas d'artistes algériens. La prochaine étape sera la professionnalisation du site Web Onorient. Depuis deux ans et demi on n'est que bénévole. On a pris pas mal de poids dans le milieu culturel. L'IMA, l'Institut des cultures d'islam nous ont fait confiance pour couvrir leurs événements. C'est vrai que ce n'est qu'à Paris. Il y a là-bas aussi un manque de communication sur cette culture dite arabe. J'étais à Tlemcen, il y avait un super artiste peintre qui était prés de chez moi et je ne le connaissais pas. C'est honteux. On compte monter un vrai média avec du contenu régulier, des déplacements réguliers. On veut en faire un tremplin de lanceur de tendances dans le Maghreb et le Moyen-Orient. Trouver les nouvelles pépites qui montent et les montrer au public. Trouver la prochaine Oum Kaltoum par exemple. Et peut être les diriger. Défricher le milieu culturel car l'espace alternatif est très riche. Il y a énormément d'artistes qui souffrent du manque de visibilité, par manque de financement soit parce que les gens ne leur font pas confiance ou bien eux-mêmes ne savent pas communiquer. Les Instituts par exemple ne savent où et comment les trouver. Nous on va être la médiane entre ces gens-là. Pour le projet Onorientour on avait des médiateurs en plus de notre connaissance du milieu pendant deux ans et demi. Sarah El Hamed pour l'Algérie par exemple nous a donné une liste d'artistes ici à rencontrer. Par la suite on a rencontré d'autres artistes. Aujourd'hui on a rencontré un minimum de 18 artistes par pays sans compter les acteurs culturels, les structures, on a un véritable network sur lequel on peut se baser pour développer la communication de ces nouveaux artistes et talents. On ne peut pas se déplacer tout le temps. Ça coûterait très cher. On compte avoir des relais dans chaque pays, dans tout le Moyen-Orient sachant que dans celui-ci, il y a aussi la Palestine, l'Iran la Turquie etc.Il n'y a pas que le Monde arabe...
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Posté Le : 02/01/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O HIND
Source : www.lexpressiondz.com