Le président de la République sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, n'écarte pas la possibilité que le Front Polisario reprenne les armes contre l'occupation marocaine si les Nations unies continuent à «ignorer» la légalité internationale. Dans une conférence de presse animée en marge des travaux en atelier de la 37e conférence de l'Eucoco, à Séville, le président de la RASD a laissé entendre que la ligne rouge pourrait être franchie.
Séville (Espagne).
De notre envoyé spécial
Enfilant tantôt l'uniforme de guerrier de la liberté, tantôt le costume du négociateur pacifique, Mohamed Abdelaziz a mis sur la table les «deux choix possibles» avec le Maroc. Il affirme que cette année 2012 est «cruciale» pour le combat du peuple sahraoui et que l'ONU sera mise devant ses responsabilités face à l'impasse qui caractérise les négociations. Pour autant, le président de la RASD ne cède pas facilement au choix des armes : «Nous irons très sincèrement aux prochaines négociations qui auront lieu du 11 au 13 de ce mois à Manhasset, mais nous seront intransigeants sur notre droit à l'autodétermination. Et si la partie marocaine continue à louvoyer, il faudra alors envisager une autre issue», a-t-il averti. M. Abdelaziz affirme en effet que le Conseil de sécurité de l'ONU, qui devra établir le bilan des négociations informelles et décider de suites à donner à la mission de la Minurso, devra, lui aussi, «tirer ses conclusions».
«Il n'est plus supportable de voir les grandes puissances pratiquer la politique de deux poids, deux mesures dans le règlement des conflits», assène le président Abdelaziz, allusion faite à son engagement diplomatique intense et parfois armé dans certains pays arabes pour dégager des régimes en place. Pour le Polisario, la cause semble entendue, assure son chef qui rappelle le quitus du dernier congrès ayant réaffirmé «de manière claire l'engagement du peuple sahraoui à aller vers l'indépendance». Une exigence qui bénéficie, d'après lui, d'un «consensus national» couplée à une nécessité «d'amplifier l'intifadha pacifique dans les territoires occupés». Pour le président de la RASD, la politique marocaine inquiète plus qu'elle ne rassure : «Il y a un constat que le royaume continue de violer les droits de l'homme dans les territoires occupés, de piller nos richesses et plus grave encore, d'encourager la colonisation de peuplement sur nos terres», affirme Mohamed Abdelaziz. Que faire alors ' «La lutte armée du peuple sahraoui est désormais légitime», tonne-t-il. Mais le conférencier ne souhaite pas forcément en arriver là : «Il y a certains signes qui nous redonnent confiance en l'avenir.
Le vote négatif du Parlement européen sur la reconduction de l'accord de pêche, la loi du Congrès américain qui conditionne les aides au Maroc par le respect par celui-ci des droits de l'homme dans les territoires occupés dénotent d'une prise de conscience de l'Occident que notre cause est conforme au droit international», explique-t-il. Aussi, Mohamed Abdelaziz espère que l'Espagne, sous la houlette du Parti populaire, pourrait réparer «son erreur historique» en jouant un rôle positif dans le règlement du conflit. Il s'est d'ailleurs félicité de ce que le Parti populaire de Mariano Rajoy ait inscrit la «responsabilité historique de l'Espagne» dans la colonisation du Sahara comme principe dans son programme politique.
C'est pourquoi il se dit convaincu que la tenue régulière de la conférence de l'Eucoco «participe à la sensibilisation» du monde occidental sur les souffrances du peuple sahraoui et «brise» l'embargo médiatique imposé par le Maroc et ses soutiens occidentaux à la cause. De la même manière, a-t-il dit, cette manifestation vise à impulser un mouvement de «solidarité humanitaire» en faveur des réfugiés dans un contexte marqué par la crise économique. Et à voir le nombre impressionnant de délégués qui participent activement ici à Séville aux travaux de l'Eucoco, le pari semble largement gagné.
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Posté Le : 05/02/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hassan Moali
Source : www.elwatan.com