Algérie

Notes sans papiers



Notes sans papiers
S'il est bien un domaine artistique qui souffre d'un déficit de parole savante dans l'espace public algérien, c'est bien la musique. Entre des universitaires aux études peu médiatisés et des spécialistes autoproclamés qui occupent l'espace, il est difficile pour le grand public de distinguer le bon grain de l'ivraie en matière de culture musicale.C'est tout l'intérêt du colloque international «Anthropologie et musique» organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH). Outre le fait d'inviter des spécialistes internationaux des questions évoqués, le colloque à aussi le mérite de brancher l'étude musicologique (qui peut parfois effaroucher le grand public par son apparente complexité) au vécu humain via l'anthropologie. La sixième édition est d'ores et déjà annoncée pour du 29 au 31 janvier 2018 à Boussaâda. Les précédentes éditions ont abordés des thématiques diverses comme le rapport de la poésie à la musique, le patrimoine musical de la Saoura ou encore la forme Nouba. L'édition 2018 abordera la question tant discutée, mais très loin d'être épuisée, de l'écriture des musiques non occidentales. Il s'agira plus précisément de la notation musicale dans l'étude et la sauvegarde des musiques traditionnelles dans le Maghreb.
Et l'on apprend dès l'argumentaire communiqué par le CNRPAH, que cette question est bien présente dans l'histoire de la musique arabe (à laquelle est apparentée notre musique classique de par son système modal) et des musiques orientales. On est loin de partir d'un terrain vierge. «Ainsi, à l'instar de la théorie des açâbi wal madjarî (sorte de tablature) développée à partir du 8e siècle à Bagdad sous la dynastie abbasside par l'école des udistes ou la sculpture musicale des rythmiques ou tala en Inde du Sud dans le temple Manakshi de Madurai, les civilisations anciennes du monde ont régulièrement fait usage d'iconographies et de divers systèmes de représentation afin de protéger et de perpétuer un répertoire ou une technique de jeu». Seulement, ces musiques ont évolué autrement que la musique classique occidentale où l'écriture joue un rôle central dans tous les aspects de la pratique musicale. Les intervenants auront justement la tâche d'expliquer le pourquoi et le comment de ces évolutions contrastées.
La notation musicale occidentale est par exemple largement adoptée par les musiciens de «malouf» tunisien, alors qu'elle est moins présente dans l'«andalou» algérien et la «ala» marocaine. Il sera également question des notations spécifiques forgées par les ethnomusicologues pour exprimer des aspects que ne recouvre pas la notation occidentale. «Cette rencontre ambitionne de réunir ethnomusicologues/anthropologues de la musique, anthropologues, anthropologues de la danse, spécialistes en littérature orale, linguistes, sémiologues, historiens, historiens de l'art, archéologues? Elle nous donnerait l'occasion de découvrir ensemble les centres d'intérêt des uns et des autres», annonce la musicologue Maya Saidani. Un colloque donc à suivre de près. Pour ceux qui n'auront pas la possibilité d'y assister les actes de chaque édition sont publiés par le CNRPAH.


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