«L'espoir des hommes, c'est leur raison de vivre et de mourir.» André Malraux«Actuellement, mon coeur balance sur la méthode à suivre pour essayer de dresser un portrait assez ressemblant au personnage que j'ai côtoyé pendant deux semaines seulement. Une chose m'a frappé sur cet acteur discret mais efficace du Mouvement national. Bien que peu disert sur son passé, le moindre nom propre évoqué en sa présence, lui insuffle des anecdotes croustillantes qu'il restitue avec une parfaite netteté, et sans porter un jugement quelconque sur le comportement d'un protagoniste de la scène politique. De toutes les personnes qui ont surgi au fil de nos discussions, il n'a prononcé qu'un verdict célèbre: un ministre qui a occupé le devant de la scène. «C'est un fourbe!», m'a-t-il dit d'un ton tranchant. Evidemment je ne lui ai pas demandé les raisons qui l'ont poussé à prononcer un tel jugement parce que je sais qu'il se plait à laisser certaines choses dans l'ombre, mais je suis sûr que ce ministre a dû lui jouer un tour de pendu ou qu'il a failli à la parole donnée. Le deuxième aspect du personnage est qu'il n'isole pas dans ses analyses les évènements du passé de la situation présente. Un jour, pendant que j'essayais de mettre un peu d'ordre dans le fouillis de notes qu'il avait semées çà et là dans son bureau, je le surpris à lire avec perplexité une petite coupure de journal que je lui avais confiée pour savoir si je devais la classer ou la mettre à la poubelle. L'entrefilet en question, relatait la mort d'un émigré clandestin à proximité des côtes espagnoles. Son front s'était crispé et il laissa s'échapper: «Je me demande ce qui pousse tous ces jeunes à s'évader d'un pays pour lequel nous nous sommes donné tant de mal. La fuite ne résoud rien. Il faut lutter sur place pour essayer de changer les choses.» «Il faut comprendre les murs d'incompréhension que rencontrent les jeunes qui n'ont pas de piston: beaucoup d'institutions créées pour résoudre ou gérer des problèmes ne sont utiles que pour la Nomenklatura. Tout est fermé pour le citoyen lambda qui ne sait pas nager. Alors, les jeunes préfèrent aller respirer ailleurs un air d'une certaine liberté. Tu te souviens que les partisans du système colonial disaient à propos de la «mission» de la France en Afrique: «Nous avons construit des routes, des écoles, des hôpitaux...» Mais qui fréquentaient ces lieux payés par la sueur d'une main-d'oeuvre bon marché, attachée à la glèbe et corvéable à merci' Est-ce que la situation a changé' Bien sûr, la rente pétrolière a remplacé la main-d'oeuvre, mais au bénéfice de qui' Tu n'as pas l'impression que tu t'es battu pour rien quand tu vois ça'» lui dis-je. «Nullement! Il faut avoir connu le système colonial pour savoir qu'on n'a rien perdu en recouvrant notre souveraineté. L'indépendance demeure toujours un acquis important, un progrès certain qu'il faut préserver à tout prix, parce qu'en ce bas monde, rien n'est jamais acquis et, tout s'arrache par la force et les sacrifices.» Une autre fois, alors que je le questionnais sur son état d'esprit à propos de la disparition de l'Urss et de la manière dont il a vécu cet évènement majeur du XXe siècle, il me répondit calmement, après un moment de réflexion: «Le mouvement ouvrier en a vu d'autres. Il faut savoir, et ceux qui nous enseignent l'Histoire ne parlent pas assez de la Commune de Paris. Sa chute a été ressentie comme un séisme dans le monde d'alors et pourtant, l'espoir d'une vie meilleure a fini par naître ailleurs: là où on ne l'attendait point. Il ne faut pas désespérer! Tant qu'il y a une injustice sur terre, le mouvement ouvrier a sa place sur le théâtre des luttes. C'est un phoenix qui renaît toujours de ses cendres!»
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Posté Le : 22/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Selim M'SILI
Source : www.lexpressiondz.com