Elle s'adapte et s'habille aux couleurs du ramadhan. Pour la télévision ou plutôt les télévisons, c'est un mois différent des autres où elles doivent chercher à séduire davantage. A vrai dire, le petit écran a la partie facile dans un pays où l'offre des loisirs est restreinte et ou elle constitue presque l'unique centre d'intérêt. Il a déjà remplacé les contes de grand- mère, réduit les auditeurs des chaînes de radio à une confrérie de nostalgiques et chassé bien d'amateurs de foot des stades. Qui prête vraiment l'oreille au muezzin du quartier ' L'adhan qui y retentit donne le signal de la rupture du jeune et le concert de musique qui suit est le fond sonore dans tous les foyers. Seuls les footballeurs peuvent prétendre concurrencer ceux qui y officient. Un comédien peut briller dans tous les théâtres, un chanteur s'égosiller dans toutes les salles. On connaît et reconnaît davantage Djeha que Hakim Dekkar. Rien ne pourra remplacer un passage à la télévision. Certes, la concurrence est rude. Le temps où trônait au salon le poste en noir et blanc, où il fallait attendre le début d'après midi pour suivre les premières émissions parait si lointain. Le télématin a remplacé le radio réveil. La voiture reste l'ultime refuge de la magie des ondes. Le ciel déverse un flot d'images qui réduisent désormais le monde à un village. Rien ne semble donner de la consistance à la mondialisation que cette réception d'images instantanées des coins les plus reculés du monde. Désormais, un accident au Nagorny Karabakh ou un incendie dans les fins fonds de la Russie est suivi en direct. On croit pouvoir voyager sans quitter son fauteuil. Nous vibrons à des exploits que seule la télévision nous fait partager. Etrangement la télé de mon pays ne semble plus avoir le même attrait. Elle s'est comme recroquevillée. Où sont passées les belles séries de naguère, les films qui font aimer le cinéma et les grandes œuvres romanesques ' Certes, on peut découvrir le roman en images d'Ahlem Mosteghanemi mais en ces temps d'ouverture, il y a comme un repli frileux qui obstrue les fenêtres pour la jeunesse en mal de contact avec le monde. Elle préfère aux débats, aux interrogations la nostalgie d'un passé lissé et lustré. Ramadhan d'avant avait aussi son charme télévisuel. La lucarne n'y déversait pas que la parole sainte. Nul cheikh ne menaçait de ses foudres et nul ne désorientait avec ses fetwas. Il était apaisé et apaisant. Même avec une seule chaîne, il était aussi un moment de vraie découverte des autres cultures. Hélas, comme le temps, la télévision change aussi.
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Posté Le : 17/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : R. Hammoudi.
Source : www.horizons.com