Algérie

Nostalgie



Nostalgie
Hier, c'était il y a de cela quelques décennies quand il faisait bon vivre dans la ville de Mascara. Les Mascaréens d'une certaine génération, la soixantaine passée, évoquent avec nostalgie cette époque où la cité avait son cachet propre comme l'ensemble des villes du pays, il y a comme de la nostalgie dans leurs propos.Chaque quartier avait sa spécificité, comme Bab-Ali, le Vieux-Mascara, Sidi Bousekrine, faubourg Faidherbe, aujourd'hui Sidi-Mouffok, faubourg Boulilef que l'on appelait communément la Gare parce que la gare ferroviaire se trouvait à proximité, ainsi que cité Bel-Air ou Sidi-Ali M'hamed où l'on se retrouvait les journées de «diwan» dans la convivialité.
Quartiers résidentiels comme populeux et populaires formaient l'identité mascaréenne, à chacun ses figures tous contextes confondus. Même si les conditions de vie étaient différentes, il y avait une même harmonie dans chacun d'eux. Le centre de gravité de la ville c'était la place Emir-Abdelkader toujours appelée «Sous la Place» où les citoyens déambulaient le week-end. L'on y célébrait la fête des vendanges et s'y déroulaient les épreuves cyclistes du critérium du vélo-fixe patronnée à l'époque par Judor.
La nuit, les Mascaréens arpentaient les artères de la ville dans la quiétude à la recherche de senteurs de la ville comme du côté de l'école Albert-Camus où l'odeur du jasmin nous faisait du bien. Abdeslam, le vendeur de zlabia, avec sa petite charrette qui annonçait son passage avec une clochette à la recherche de férus de pois chiche ou ammi cheikh, le vendeur de cacahuètes dans la rue Larbi-Ben-M'hidi faisaient partie des meubles, ce dernier vendait même des livres de poche d'occasion. Sur la place Emir-Abdelkader, c'était le lieu où on se retrouvait au café ou autour du kiosque de Medjadi et l'on y débattait de la culture. Le théâtre, lui, abritait les émissions de «Carrefour de la jeunesse», émises alors par la Chaîne 3.
Sur le plan sociétal, des figures ont façonné cette façon de vivre, de penser, de se comporter. Il serait fastidieux de citer tous les noms mais chacun, à sa façon, a marqué Mascara comme la troupe «Fen ou el Ada». Des enseignants, des élus qui ont présidé aux destinées de la ville ou des sportifs qui se sont investis comme Meftah Aoued, Si Mohamed El Meliani, Hadj Sadek Lagha, Ahmed Niri, ces éducateurs de premier ordre et tant d'autres. Aujourd'hui, les temps ont changé et l'on semble être frappé d'amnésie avec la culture de l'oubli.
Aujourd'hui, les Mascaréens ne reconnaissent plus leur ville qui a perdu son lustre d'antan, les atteintes à l'environnement sont légion et on suffoque dans une ville dont les quartiers sont devenus des décharges publiques H24. Personne ou presque ne s'émeut ou ne s'offusque. Quand vous passez devant le lycée polyvalent, vous êtes sidéré car derrière l'enceinte de l'établissement vous apercevez des tessons de bouteilles ou des emballages plastiques.
Le jardin Pasteur, un joyau de la ville, et le petit jardin sur «Sous la Place» ne sont plus ce qu'ils étaient, ils sont dégradés et devenus des repaires de marginaux.
Il ne s'agit pas pour nous de noircir le tableau mais nous ne faisons que rapporter ce ressenti de ces citoyens abasourdis par l'état des lieux. Les bonnes volontés existent mais l'on a comme cette impression qu'elle prêchent dans le désert comme cette association qui, au cours de journées de bénévolat, tente de défricher les cimetières.
C'est celle de «Nass el Khir». Il n'y a pas que les ordures ménagères qui agressent mais aussi les déchets inertes, c'est dire que l'incivisme et le laxisme se conjuguent à Mascara, et puis l'incivisme n'a pas d'âge même les enfants du primaire s'y mettent en escaladant les murs des habitations et dégradant tout sur leur passage. Même les animaux sont martyrisés. La démission est collégiale tant parentale que celle de l'école.
Sur le chapitre sociétal émerge la violence. Jadis, quand des jeunes abordaient des filles, ils y mettaient la manière mais, de nos jours, cela s'apparente à des agressions verbales avec les jeunes automobilistes qui se croient tout permis.
Pour ce qui est du respect des lois de la République, c'est une autre paire de manches. Les transformations, les atteintes à l'urbanisme, les lieux publics comme les trottoirs squattés ont dénaturé l'aspect de Mascara. Le comble dans tout cela avec la foison de partis nous n'avons jamais entendu ou presque les candidats aux différentes assemblées évoquer ces sujets. Il est vrai que le logement ou l'emploi sont leurs créneaux favoris.
Enfin, pour terminer, nous évoquerons le sport d'une manière générale qui se meurt à Mascara avec une pensée pour le regretté Hadj Habib Ouenzar avec toute sa famille qui furent les pionniers du cyclisme à Mascara. Pour ce qui est du club de football, il est en pleine déliquescence parce que des aventuriers, qui n'ont rien à voir avec la chose footballistique, se sont hissés à sa tête.


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