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«Nos stades et nos salles doivent retrouver l'ambiance d'antan» Mohamed Tahmi au Forum d'El Moudjahid :



Invité hier matin du forum du quotidien El Moudjahid, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, a eu à parler plus de sport que de jeunesse mais bien parce que les journalistes l'ont amené plus sur ce terrain que sur l'autre.
Il n'empêche qu'il a mis un point d'honneur à débuter son intervention sur la jeunesse tant on sait que les problèmes auxquels se heurte cette frange de la population font partie des préoccupations essentielles du gouvernement.
C'est ainsi que le ministre a indiqué que c'est vers cette jeunesse qu'il s'est focalisé dès son installation à la tête de ce ministère il y a maintenant 6 mois.
Il a expliqué comment on en est venu à créer, sur la base de rapports et d'études de son département, assez rapidement un comité intersectoriel pour la jeunesse, chargé de mener des actions à court terme, au plus tard à la fin du premier semestre 2013.
M. Tahmi a, pour cela, fait valoir le rôle du mouvement associatif dont le ministère attend beaucoup. «Les infrastructures de jeunes que l'Etat construit appartiennent à la population, a-t-il dit. Il revient à celle-ci de savoir les utiliser régulièrement et d'en prendre soin. J'ajouterai les infrastructures sportives qui doivent rester ouvertes et accessibles aux gens.»
Une fédération sans ligues ni clubs
S'agissant du domaine sportif, le ministre fait d'abord un constat, à savoir que l'Etat a dégagé des moyens conséquents en sa direction mais les résultats sur les terrains des compétitions n'ont pas suivi.
«Il y a eu une chute spectaculaire de ces résultats», a-t-il fait savoir.
«Je pense que le sport a besoin de réorganisation à sa base.Il n'est plus attractif. Aujourd'hui, on se rend compte que des matches se jouent dans des salles vides. Même le football n'attire pas grand monde. Il est nécessaire de tout faire pour que nos salles et nos stades puissent retrouver les grandes ambiances d'antan et cela ne pourra être obtenu que par une réorganisation du mouvement sportif national. Il y a des sélections qui vont participer à des compétitions internationales alors qu'au niveau local il n'existe même pas de compétition. Dernièrement, une fédération dont je tairai le nom a voulu envoyer une sélection juniors en Afrique du Sud pour disputer un championnat d'Afrique. Il s'est avéré que cette fédération n'organisait même pas une compétition pour les juniors. Dans un autre domaine, il y a des gens qui veulent créer une fédération d'un sport donné alors qu'il n'y a ni clubs ni ligues et peut-être ni joueurs licenciés. Et ces gens se plaignent partout parce qu'on a refusé la création de cette fédération. Il faut un minimum de sérieux. Chez nous, on croit qu'on est obligé d'investir dans tous les sports. Il n'est écrit nulle part que nous sommes obligés de le faire. Il n'existe pas un seul pays dans le monde qui investisse dans tous les sports olympiques. En Angleterre par exemple, pays sportif par excellence, le handball est quasi nul. Je ne dis pas qu'il ne faut pas pratiquer tous les sports. Les gens sont libres de faire celui qu'ils désirent mais en ce qui concerne l'intervention de l'Etat, elle ne concernera que les sports porteurs, ceux qui ont un ancrage dans notre pays. Les autres pourront être pratiqués dans le cadre d'une activité de loisir. Voilà pourquoi nous avons décidé que si un sport veut prendre part à une compétition internationale, il faudrait qu'au niveau local, il y ait une activité régulière avec des compétitions officielles et reconnues.»
Ceux qui ont fauté seront poursuivis
M. Tahmi a pu aborder ensuite la question du renouvellement des fédérations sportives et du Comité olympique algérien, renouvellement qui vient juste de s'achever. «Il ne s'agit que d'une première étape dans la nouvelle approche du sport algérien», a-t-il déclaré.
«Ce processus de renouvellement s'est opéré en un temps record dans des conditions assez difficiles puisque des ligues et même des clubs n'avaient pas procédé au renouvellement de leurs directions. Nous avons également rencontré de l'opposition qui n'acceptait pas que l'on fasse application de la réglementation. Et cette application nous a mené à rendre inéligibles certains responsables qui étaient aux commandes de fédérations sportives. Pourtant, comme vous avez pu le constater, le ministère de la Jeunesse et des Sports s'est gardé de toute ingérence dans ces opérations. Nous sommes partis du principe que chaque fédération était dotée d'une assemblée générale et qu'il revenait à celle-ci de décider en toute souveraineté. Notre rôle n'était pas de contrôler mais de faire respecter la loi et les règlements car s'il y a eu dérive de ces fédérations, c'est parce que ces textes n'étaient pas toujours respectés. Et pour bien montrer qu'il voulait responsabiliser les acteurs de ces disciplines, le MJS s'est refusé de désigner des experts dans les assemblées générales comme la réglementation le lui permettait.»
Le ministre a, en outre, indiqué que des actions en justice pourraient être menées contre ceux dont la gestion a été contestée par les rapports de diverses inspections. Il a, également, fait savoir que ceux qui sont partis doivent impérativement procéder à la passation de consignes avec les nouveaux élus sous peine de graves sanctions.
Le professionnalisme continuera
S'agissant du football professionnel, le ministre a reconnu qu'il y a eu des erreurs qui ont été commises notamment sur le choix du nombre des clubs, à savoir 32.
«La fédération est d'accord pour ramener ce nombre à 16 dès la saison prochaine mais nous n'obligerons aucun club à redevenir amateur. Celui qui estime qu'il veut continuer, il pourra le faire mais il devra répondre aux dispositions du cahier des charges. En tout cas, ce n'est pas parce qu'il y a des imperfections que l'on va tourner le dos au professionnalisme et revenir au système d'avant. Non le professionnalisme est lancé chez nous, il doit continuer.» M. Tahmi s'est ensuite exprimé sur l'aide que l'Etat apporte au football professionnel.
«Il faut bien comprendre que nous avons affaire à des sociétés commerciales. La loi ne permet pas à l'Etat de venir en aide à de telles entreprises. On a quand même dérogé à cela puisqu'en avril 2010 un conseil interministériel a arrêté un plan d'aide sur trois ans pour permettre au professionnalisme de décoller. Ce plan est en marche mais tous les clubs ne jouent pas le jeu. Par exemple, l'argent accordé pour l'achat d'un bus a été détourné par certains pour l'investir dans un autre domaine comme le paiement des salaires de joueurs. J'ajoute que les catégories de jeunes continuent à être négligées et tout ce que le club encaisse va essentiellement aux seniors. Pour ce qui est des assiettes de terrain promises à chaque club, des pré-affectations ont été délivrées, mais comme vous le savez il y a un très gros problème du foncier dans certaines villes, comme Alger par exemple. En outre, il est prévu d'attribuer une surface de 2,5 hectares à chaque club et de financer à hauteur de 80% le futur centre d'entraînement. Nous sommes en train de proposer que la surface en question puisse être portée à 4 ou 5 hectares et que le financement de l'Etat soit de 100%. L'aide de l'Etat ne s'étalera plus sur trois ans mais sur huit ans.» M. Tahmi s'est aussi intéressé au statut du club sportif amateur.
«La nouvelle loi sur le sport va permettre à des sociétés étrangères d'investir dans le professionnalisme chez nous selon la répartition des parts de 49-51%. Il faut bien comprendre que personne ne peut acheter 100% des parts car la loi dit que le club sportif amateur doit siéger au conseil d'administration. Ce dernier, quel que soit le nombre d'actions qu'il possède, est partie prenante dans les décisions prises pour la société sportive commerciale. Le club amateur est la force morale de l'association sportive. C'est lui le propriétaire du sigle et des couleurs du club. Si un club sportif amateur se décide à vendre ses actions, le propriétaire du club professionnel sera obligé de changer le sigle et les couleurs de son club.»
L'Algérie organisera la CAN 2014 de handball
M. Tahmi est aussi intervenu sur d'autres thèmes comme la CAN 2014 de handball que notre pays doit organiser et que le nouveau président de la FAHB, Aziz Derouaz, aurait, dit-on, souhaité la voir annulée ou reportée.
«Je n'ai pas pris connaissance de ce que M. Derouaz a dit en conférence de presse, a fait savoir le ministre. Il n'en reste pas moins que nous nous sommes engagés à l'accueillir l'année prochaine. Cet engagement sera tenu et respecté.»
Il a parlé des 200 projets de la wilaya de Tizi Ouzou qui n'ont toujours pas démarré pour cause de multiples problèmes dont celui de l'hostilité de certaines populations, celui de bureaucratie ou «de l'incompétence de certaines gens».
S'agissant des relations avec le COA et les fédérations sportives, il a fait la promesse qu'elles s'établiront dans un cadre de partenariat et de confiance mutuelle «sachant que ce que nous recherchons tous, c'est que le sport algérien puisse s'imposer».
Il a, enfin, révélé que l'Etat a construit de nombreux complexes sportifs de proximité sans procéder à la formation de ceux qui doivent les gérer.
«Il y a un manque de 15 000 cadres pour ce genre de mission. Nous avons ainsi décidé d'ouvrir 15 000 postes budgétaires à cet effet dans les 4 années à venir.»


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