J'adresse cette lettre à tous les pieds noirs d'Algérie en faisant appel à leur conscience, leur compréhension et leur bon sens avec l'espoir qu'ils ne soient pas offensés.L'Algérie, pays où vous êtes nés, aviez vécus et grandis n'est plus celui que vous avez laissés en 1962. Ce n'est plus votre pays, mais celui d'un peuple qui a sacrifié un million et demi de ses meilleurs enfants pour se le réapproprier.
La génération post indépendance à 55 ans. Elle est instruite, cultivée, ouverte sur le monde, orientée vers l'avenir et refuse de continuer à regarder dans le rétroviseur pour avancer. Elle ne veut plus écouter vos jérémiades, comme les vôtres n'ont pas été auditives, sensibles et solidaires aux souffrances de nos parents, de nos aïeux et de notre peuple.
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Je m'aperçois que beaucoup de vidéos circulent ces temps-ci sur les réseaux sociaux, faisant allusion à une revendication saugrenue et très tardive de l'identité Algérienne'
En revendiquant ouvertement votre appartenance à ce pays et un territoire sur notre sol, n'est-ce pas un nouveau traité de Balfour ou un autre coup d'éventail que vous concoctez autour d'une sardine grillée et d'un Beaujolais sous le soleil mordant de Nice ou de Nîmes, pour faire retentir à nouveau les canons de la marseillaise et boire du sang impur'
Vous exigez un droit que vous avez refusé en 1962 en optant pour l'Algérie à papa.
Il fallait faire le bon choix, celui de votre terre, de votre peuple et pas l'Exodus.
Vous n'avez aucun droit sur cette terre irriguée du sang de ses enfants, mais seulement des souvenirs, comme ceux des romains, phéniciens, espagnols, ottomans et d'autres conquérants qui ont fini par repartir.
En ce moment, vos souvenirs, vos remords et vos regrets vous aveuglent. Sachez une chose c'est que nous n'avons pas les mêmes souvenirs.
Vos souvenirs sont encore colorés, les nôtre sont amers. Nous avons pardonné mais nous n'arrivons pas à oublier. Nous avons tourné la page sans la déchirer.
Nous ne pouvons pas balayer d'un revers de main ce qui s'est passé en Algérie. Cent trente-deux ans de colonisation et des crimes contre l'humanité laissent de profondes séquelles.
Nous sommes très conscients de ce que vous pouvez ressentir. Mais hélas, nous avons payé cash un lourd tribu pour lequel vous ne vous apitoyez même pas.
La France officielle et vous-même, refusez toujours de demander pardon et faire votre repentance pour tous les crimes et massacres commis contre notre peuple.
Nous ne demandons pas de dédommagement mais uniquement une reconnaissance par un mot simple: pardon.
Vous serez les bienvenus pour des vacances, du tourisme, y vivre sous le statut de résidents étrangers, investisseurs ?? mais n'oubliez pas que vous êtes chez nous maintenant.
Nos portes, nos maisons, nos coeurs et nos mains vous seront grand-ouverts ,car malgré tous les aléas de la vie et de l'histoire, nous ne sommes pas haineux et savons rester conformes à nos traditions séculaires d'hospitalité et de générosité.
Vous serez reçus et traités comme des invités , avec respect, dignité et amour. Nous vous emmènerons et montrerons la nouvelle Algérie. Nous partagerons les bons souvenirs et essayerons de dissimuler les mauvais.
Je vous présente mes meilleures salutations en espérant que votre bon sens l'emportera. Votre revendication tel que formulée est irrecevable et ne pourra aboutir, car cela nous rappelle une supercherie biblique qui a dépossédé un peuple par un autre dit « élu » par Dieu et consacré par la bâillonnette.
Vous avez fait un gâchis. Relisez votre histoire.
Abdellah Chebbah
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Posté Le : 29/11/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Quotidien d'Algérie
Source : www.lequotidienalgerie.org