Nos mangas

Cinq jeunes auteurs, dont deux filles, pour quatre albums.Les éditions Z-Link, spécialisées dans le manga, dévoilent de nouveaux titres qui illustrent le dz-manga, algérianisation de ce genre typiquement japonais. En effet, tout en restant très marqués par le graphisme des réalisations nippones, ces albums se veulent proches du vécu et des codes de leurs lecteurs. Amine Benali trouve, par exemple, dans notre propre univers, le pendant aux histoires asiatiques de revenants. Dans ce premier volume de la série Sardar, les personnages évoluent dans un décor qui s'inspire du sud algérien. A la recherche de son frère disparu, Sardar doit faire face, avec l'aide du vaillant Khan et de la belle Leïla, à de terrifiants djinns.Dans un tout autre genre, Victory Road est un manga sportif qui rappelle la fameuse série animée Captain Tsubasa, diffusée à la télévision algérienne dans sa version arabe, Captain Madjid. Les jeunes auteurs, Sid-Ali Oudjiane et Riadh Aït Hamou, s'amusent à croquer de belles scènes d'action de leur jeune héros Rafik, lycéen et talentueux footballeur découvrant les joies du basket-ball. Autre ambiance avec Djaouida Kritli, qui revisite la guerre de Libération nationale avec son album, Wouroud wa qanabil (Des fleurs et des bombes).L'auteure fait du moudjahid une figure de héros romantique avec Aagab qui survit à la torture et brave l'armée coloniale dans des actions de combats entrecoupés de souvenirs des injustices et massacres auxquels il a assisté. Enfin, Hanane Benmediouni dévoile un fort sympathique album, Kouider à la ferme, dans une savoureuse version en arabe algérien ainsi qu'en version française. Kouider est un jeune Algérois qui partage sa vie entre Internet, dvd et jeux-vidéos. Pour ses vacances d'été, ses parents l'envoient passer un séjour à la campagne où il doit apprendre, bien forcé, les «joies» de la vie simple.Créées en 2007, les éditions Z-Link ?uvrent à révéler de jeunes talents dans ce genre nippon très en vogue en Algérie et dans le monde. Outre les albums, ces éditions, dirigées par notre confrère de la Radio Chaine III, Salim Brahimi, publient la revue Laabstore, dédiée au manga et aux jeux vidéo. Leurs publications ont été exposées à plusieurs festivals en Algérie et à l'étranger. Les mangakas algériens restent évidemment très fortement influencés par leurs modèles japonais. Ils tentent néanmoins de s'approprier le genre en adaptant les thématiques, voire, dans une certaine limite, le visuel.Certains critiquent l'imitation d'un genre qui découle de la tradition japonaise des estampes, mais ce serait vite oublier que leurs modèles japonais eux-mêmes ont beaucoup appris de l'imitation des comics américains. En attendant des albums inspirés du patrimoine pictural et des arts plastiques algériens, réjouissons-nous donc de la créativité de nos jeunes talents qui augurent du meilleur avenir.