Algérie

Nos ancêtres les circoncellions


Rares sont ceux qui savent que les circoncellions font partie de notre Histoire.Dans Antiquités africaines (Editions du CNRS, France) et sous le titre «Luvenes et circoncellions : les derniers sacrifices humains», Claude Lepelley écrit : «Sous le règne de l'empereur Constant, peu avant le milieu du Ve siècle, la Numidie fut le théâtre d'événements étranges et violents, dont témoignent les sources relatives au donatisme. Les circoncellions, aile extrémiste du parti donatiste, avaient répandu le trouble dans les campagnes en attaquant les fermes des propriétaires fonciers et les détenteurs de créances ; ils s'étaient opposés par la force à l'application des mesures prises par Constant contre l'Eglise schématique. Les comtes d'Afrique Taurinus vers 340, Silvester vers 345-347 avaient envoyé la troupe contre eux et noyé dans le sang leur insurrection. Mais les victimes de cette répression furent considérées comme des martyrs par leurs compagnons. Mais on vit alors ces derniers adopter un comportement déconcertant : la recherche volontaire de la mort.» Dans Encyclopædia Universalis, il est précisé que «les textes catholiques les montrent maltraitant les grands propriétaires et appelant à la révolte les esclaves et les colons des domaines». Bruno Pottier, de son côté, décrit les circoncellions, notamment, comme «un mouvement ascétique itinérant dans l'Afrique du Nord des IVe et Ve siècles». Parmi les ouvrages «africains» sur ce mouvement figure Haraka? al-daww'r'n wa-al'qatuh? bi-al-d'n'tiyya? (le mouvement des circoncellions et sa relation avec le donatisme) de Mu'ammad al-Mubakkir (Editions Kulliyy't al-'d'b wa-'ul'm al-ins'niyyat?, Rabat, 2001).
Les circoncellions embrassèrent avec enthousiasme le parti du chef berbère Firmus, qui, dans le dernier tiers du IVe siècle, essaya de se rendre indépendant en Afrique et avait même réussi à libérer Césarée (Cherchell) de l'occupation romaine.
«En fait, après un siècle de résistance et de luttes multiformes, les circoncellions ont été les véritables fossoyeurs de l'empire romain en Afrique. Brûlant les fermes, détruisant les récoltes, attaquant les garnisons romaines, harcelant sans cesse les complices de l'occupant, ces lointains ancêtres des moudjahidine rassemblaient sous leurs drapeaux des paysans expropriés, des esclaves révoltés, des petits commerçants ruinés par le fisc. Ils ne faisaient aucune différence de race : on trouvait parmi eux des Numides, certes en majorité, mais aussi des Maures, des Gaulois, des Grecs échappés à l'esclavage, et même quelques citoyens romains insurgés contre leurs chefs», écrit Ahmed Akkache dans son livre Les guerres paysannes de Numidie, paru aux éditions Sned, en Algérie, en 1973.
Notre Histoire est mal connue, certainement parce que mal enseignée.
K. B
[email protected]
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)