Algérie

« Nos ambassades et consulats sont des boîtes à lettres »


« Nos ambassades et consulats sont des boîtes à lettres »
Les ressortissants algériens à l'étranger sont livrés à eux-mêmes. Les représentations diplomatiques ne leur sont d'aucune utilité dans les moments difficiles. Le constat vient de Noreddine Belmeddah, président de la Fédération européenne des associations algériennes (FEAA), basée en Espagne. « Lorsque nos ressortissants ont des problèmes, ils sont seuls. Nos ambassades et consulats sont des boîtes à lettres. » Ils ne fournissent aucune aide », tonne-t-il, mettant en évidence la dense activité de la diplomatie des autres pays maghrébins dont le Maroc. Visiblement déçu par l'attitude de nos diplomates en Europe et principalement en Espagne, M. Belmeddah demande au président Bouteflika « d'intervenir pour remédier à cette situation qui dépasse l'entendement ». S'exprimant au courant d'une conférence de presse animée hier à la maison de la presse Tahar Djaout à Alger avec Rédha Salaouaïchi, représentant de la FEAA en Algérie, M. Belmeddah, également directeur de la Radio de Majorque, sonne le tocsin sur la situation de la communauté algérienne en Espagne. Il évoque d'emblée les Algériens emprisonnés pour terrorisme et dont le nombre a atteint 70 personnes. « Soixante-trois d'entre eux ont fini par être libérés en raison de l'absence de la moindre preuve les liant au terrorisme. Les sept qui croupissent toujours en prison, bien que leurs dossiers soient vides, attendent toujours leur jugement », souligne M. Belmeddah, qui dénonce l'absence d'aide des autorités diplomatiques algériennes en Espagne. Même après leur acquittement, les 63 Algériens n'ont trouvé aucune assistance ni aide pour qu'ils puissent recouvrer leurs droits. « Ces Algériens ont été injustement incarcérés et réclament aux autorités espagnoles des dommages et intérêts pour tout le mal qu'on leur a infligé pendant toutes les années qu'ils ont passé dans les geôles. L'ambassade d'Algérie en Espagne, non seulement elle ne les aide pas, mais elle les pousse à l'expulsion en leur retirant leur passeport », dénonce-t-il, se demandant pourquoi l'Algérie « ne protège pas ses ressortissants à l'étranger ». M. Belmeddah n'hésite pas à faire la comparaison avec d'autres pays qui font des pieds et des mains pour rapatrier leurs ressortissants qui, parfois, se sont mouillés dans de graves affaires.Autre dossier tracassant : celui des harraga. « Nous nous battons pour rapatrier les corps des victimes pour que leurs familles puissent faire leur deuil. Mais les autorités algériennes ne font rien pour faire avancer le dossier », regrette le conférencier. Selon lui, un accord a été conclu il y a plus d'un an pour que l'Algérie fournisse l'ADN des personnes portées disparues afin que l'on puisse identifier les corps qui ont été enterrés en Espagne et pouvoir les rapatrier. Mais rien n'a été fait. « Nous lançons encore un appel au président de la République pour qu'il intervienne et mette un terme à cette tragédie », indique M. Salaouaïchi qui critique l'approche avec laquelle les autorités traite le phénomène de la harga. Tout en précisant n'avoir pas de chiffres sur le nombre de dépouilles de harraga qui sont enterrés en Espagne, M. Salaouaïchi affirme tout de même être en contact avec les familles de ceux qui sont portés disparus. « Il y a 30 familles à l'est, 50 dans la région oranaise et 10 au centre du pays », souligne-t-il. Pour lui, la solution sécuritaire ne jugulera pas le phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur malgré le durcissement de la loi réprimant la sortie illégale du territoire national. « C'est un problème socioéconomique profond qui nécessite un traitement autre que la surveillance des frontières », soutient-il, avant de poursuivre : « Il n'y a pas que les personnes désespérées qui risquent leur vie pour rejoindre l'autre côté de la Méditerranée. Il y a des gens qui ont une bonne situation qui ont été arrêtés parmi les harraga. » Pourtant, peu d'entre-eux arrivent à bon port. Certains meurent en pleine traversée, d'autres se font arrêter et transférer dans des centres de rétention. Selon M. Belmeddah, il y a plus de 200 personnes dans les centres de rétention en Espagne dont 102 à Valences. « Ces Algériens sont maltraités de la part de la police espagnole », atteste M. Belmeddah, espérant que les plus hautes autorités agissent pour prendre en charge cette multitude de problèmes des ressortissants algériens en Europe en général et en Espagne en particulier.
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