Publié le 08.09.2024 dans le Quotidien l’Expression
L'écrivain Nordine Bekhtaoui, qui vit et travaille à Tigzirt (Tizi Ouzou), vient de publier un livre aux éditions Talsa. Il nous en parle dans cet entretien et évoque aussi son recueil de nouvelles et d'autres sujets en rapport avec sa passion: l'écriture.
L'Expression: Publier un recueil de poésie au moment où un constat qui semble unanime fait état d'un rétrécissement total des férus de ce genre littéraire peut-il être considéré comme un défi
à une réalité presqu'implacable?
Nordine Bekhtaoui: En effet, ce n'est un secret pour personne, la littérature peine par ces temps résolument modernes.
La poésie n'est pas du reste; même qu'elle en souffre bien plus que les autres genres littéraires, surtout dans la société qui est la nôtre. Un défi? Euh, pour ma part, je n'écris pas forcément, ce qui plait aux autres, je ne fais pas de prospection ou d'études macro-économiques préalables à une composition poétique. Je ne fais que restituer d'une manière spontanée ce qui me vient comme matière à réflexion; avec évidemment toute l'alchimie qui va avec et dont je n'ai aucune explication. En moi, ce genre s'est imposé de lui-même.
Toute chose ne peut s'inscrire dans la durée que par la résistance et qui sait? il se peut qu'il ne reste à la poésie que ce même verbe «résister» qu'elle continue de conjuguer à travers nous, ne serait-ce qu'au présent de l'indicatif. Ça peut être un mauvais choix, j'en conviens, mais nous continuerons de faire de notre mieux: Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'on doit leur donner raison pour paraphraser Coluche.
Les Temples du temps est le titre de votre livre paru chez Talsa éditions, que symbolise-t-il et pourquoi l'avoir choisi au lieu d'un autre qui aurait pu s'imposer?
S'imposer! Oui, en effet c'est celui-ci qui s'est imposé, justement! La chose la plus difficile dans mes compostions est souvent le titre.
La poésie traitée dans ce recueil est quasi intemporelle; ceci dit j'ai imaginé un personnage; une sorte de visiteur qui va de temple en temple où était déclamée la poésie jadis, et qui par la force des choses était donc, le témoin des évènements à travers chacune de ses multiples escales poétiques.
Pouvez-vous nous parler des thèmes que vous y abordez?
Dans les temples du temps se veut un florilège de thèmes; une palette de poèmes en vers ou en prose traitant dans une certaine alternance de l'amour, de l'amitié, de l'art, de la gloire des hommes ainsi que des valeurs.
Pourquoi avoir choisi la poésie comme mode d'expression littéraire?
La poésie comme mode d'expression littéraire? vous savez, il m'est arrivé de faire des contributions, essentiellement des chroniques sur les réseaux sociaux; des thèmes soumis souvent à débat, sauf que j'ai remarqué que ces espaces étaient gagnés de plus en plus par une certaine agressivité; un défaut d'indulgence flagrant: où personne ne ménage personne, et c'est ainsi que je me suis penché sur la poésie où j'ai trouvé la subjectivité nécessaire pour traiter des thèmes avec plus de souplesse, de douceur que promet l'équivoque des sens et le lyrisme des mots.
Quels sont les premiers échos obtenus après la publication de votre livre?
Mon livre a vu le jour la veille de la saison estivale, j'ai eu la chance d'une très belle promotion; Salons, télévision, journaux et réseau sociaux.
La communauté vivant à l'étranger a pu se le procurer durant les vacances.
Les avis et les échanges sont très constructifs; des feed-back, somme toute, très encourageants.
Quels sont les poètes qui vous ont le plus marqué?
Je découvre la poésie, il n'y a pas très longtemps, vous savez! Mais il faut dire que j'ai toujours aimé ce qui est joliment écrit. Comme au cinéma, le casting est déterminant dans la qualité d'une production cinématographique, la poésie l'est aussi par l'auteur. Alors, j'ai été frappé par l'échange de Cheikh Mohand U lhussin et Si Moh U Mhand, donc incontestablement ces deux génies de la poésie locale, il y a également Akli Ait Boussad et Amirouche Amwanes pour la poésie contemporaine Kabyle. Victor Hugo, Charles Baudelaire et Paul Verlaine et j'ai aimé les acrostiches de Georges Sand et Alfred De Musset et ceux de Omar khyyam et Jehane. La poésie arabe est très belle aussi.
Que représente la poésie pour vous?
La poésie est un art qui permet de construire des univers, d'ériger des rêves et atteindre des cieux; le poète est aux mots ce que le maçon aux pierres. Aucun vocable n'est médiocre. Tout est question d'accommodation; un maçon ne refuse aucune pierre, toutes se posent, il suffit de savoir les ajuster.
Le poète est un bijoutier, un alchimiste, un peintre et un musicien qui voit perler par décantation sur les troncs des notes de musique et des couleurs là où il n'y a aucun arbre; il est donc le faiseur d'espoir!
Après la poésie, comptez-vous vous investir dans un autre genre littéraire?
On ne peut pas dire non lorsqu'on est choisi pour la danse si j'ose paraphraser Cheikh Mohand U lhussein en parlant prophétie et spiritualité. Ceci dit pour ce qui est de la poésie, je maintiens ce genre littéraire; je suis en train de finaliser d'ailleurs, un autre recueil dont j'ignore encore le titre. Le volume des ouvrages pose problème aux jeunes d'aujourd'hui; d'aucuns pensent qu'il y a de plus en plus de partisans du moindre effort; j'ai pensé que la nouvelle peut remédier à cette situation avec des narrations sous forme de petites histoires. Je suis en phase de peaufiner donc, un recueil de nouvelles que je compte éditer sous peu.
Aomar MOHELLEBI
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Posté Le : 24/09/2024
Posté par : rachids