Algérie

NORDINE AIT HAMOUDA «Traiter notre histoire avec ses gloires et ses zones d'ombre»



Je viens de prendre connaissance de la contribution de MM. Cherif Mehdi et Mohamed Maarfia réservée aux colonels Amirouche et Haoues, publiée dans le Soir d'Algérie du 6 décembre 2011.
Ce texte est articulé autour de deux approches. L'une éthique ; elle est à mes yeux la plus importante car elle éclaire enfin et de façon irréfutable le peuple algérien sur les crimes commis par Boumediene en temps de paix, actes qui ont engagé la nation dans un abîme sans fond. Pour ma part, j'éprouve, après le témoignage de M. Chérif Mahdi, soulagement et espoir. Le soulagement d'un fils atteint dans sa dignité et nié dans sa douleur, et l'espoir du citoyen qui constate que l'Algérie libérée de l'omerta peut prémunir les générations futures d'autres abominations maintenant que nous avons le courage de parler et que les responsabilités peuvent être identifiées. Plus classique, le deuxième aspect de l'écrit est consacré à la disparition des deux colonels, à la lecture du dispositif mis en place par le général Massu dès le 25 mars sur leur chemin, aux relations qu'entretenait Amirouche avec Krim en 1958, au rapport de force qui prévalait entre les «3 B» à la même époque, au dossier de la «bleuïte », et, enfin, aux positions qu'allait défendre le colonel de la Wilaya III dans la réunion qui devait regrouper tous ses pairs. Les deux auteurs, qui sont aussi acteurs, font état de leurs opinions avec leur sensibilité et leurs convictions. Leur jugement sur Boumediene est sans appel et leur appréciation sur Boussouf, fondateur du système, est plus retenue. D'autres intervenants, dans ce dossier, ont adopté la démarche inverse. Cela fait partie du débat mais sur ces registres particulièrement, il y a désormais suffisamment d'écrits et de témoignages pour établir la vérité des faits quant à la façon dont a été conduite la bataille qui a coûté la vie aux deux colonels et à leurs hommes, au contenu du rapport que comptait exposer Amirouche à Tunis, aux raisons qui l'ont inspiré et sur les changements qu'il allait demander au nom des responsables de l'intérieur qu'il avait réunis du 6 au 12 décembre 1958 en Wilaya II. Je tenais à saluer l'intervention de M. Chérif Mehdi. En soulageant sa conscience, il alerte la nôtre. Le livre de Saïd Sadi a permis de libérer la parole sur un segment douloureux de notre passé. D'autres dossiers tout aussi tragiques attendent d'être abordés : l'assassinat d'Abane, prélude du malheur qui nous frappe aujourd'hui encore, l'exécution de Zoubir au Maroc et celle de Chabani au lendemain de l'indépendance, les éliminations de Krim, Khider, Mecili ou, plus près de nous, celle de Mohamed Boudiaf qui sont autant de drames qui blessent nos mémoires et minent notre avenir. Nous devons avoir le courage de traiter de notre histoire avec ses gloires et ses zones d'ombre dans la transparence et la sérénité si, vraiment, nous voulons épargner d'autres tragédies à nos enfants.


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