Algérie

Nord-Mali : Le MNLA veut négocier avec Bamako



Alors que l'Algérie et les pays concernés par la crise malienne envisagent, plus que jamais, de laisser de côté le langage des armes pour résoudre durablement ce conflit par le dialogue et la concertation, la France accentue sa pression notamment sur l'ONU pour la solution militaire au Nord Mali, otage de groupes armés membres d'Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
Même le mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), présent au nord du Mali, est d'accord pour une solution politique de la crise. Moussa Ag Said, membre du conseil national transitoire et chargé de l'information au MNLA, a confirmé cette position de son mouvement et annoncé des négociations dans les tout prochains jours avec le gouvernement central à Bamako. Devant se dérouler sous les auspices du président burkinabé Blaise Compaoré, ces discussions seront «directes» entre les deux parties, a-t-il ajouté. Il a, cependant, réfuté la thèse selon laquelle le MNLA aurait abandonné sa revendication d'autonomie de l'Azawad. «Nous n'avons pas dit que nous ne voulons pas l'indépendance de l'Azawad, et voulons également défendre les droits du peuple touareg», a-t-il rappelé, soulignant que «tout ce qui a trait à l'indépendance de l'Azawad (nord du Mali) sera discuté avec le gouvernement malien, lorsque nous serons à la table des négociations». Cette propension à la négociation est également perçue chez le mouvement ‘Ansar Eddine', qui veut cependant imposer la ‘Charia' au nord du pays.
En tournée dans la région pour entendre le point de vue des pays sahéliens sur la crise malienne et les moyens pour la résoudre, M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a rencontré lundi les responsables maliens.
«Pour résoudre la crise au Mali, le dialogue est envisageable avec ceux qui prennent leur distance avec le crime organisé, mais il n'y a pas de négociation possible avec des terroristes», a-t-il souligné à Bamako lundi après avoir rencontré le Premier ministre Cheick Modibo Diarra. «Lorsqu'on a identifié la menace, notre devoir, en tant que pays voisin, est d'éradiquer par tous les moyens cette menace, y compris par la force. Cette position de l'Algérie n'est pas nouvelle. Il n'y a pas de négociation possible avec des terroristes et des narcotrafiquants», a encore ajouté M. Messahel. Il a, pour autant, signifié que «le dialogue est possible avec les enfants du Mali qui se démarquent définitivement du crime organisé, du terrorisme, et qui se démarquent aussi des tentations sécessionnistes», a-t-il poursuivi. Récusant directement les thèses de l'autonomie du Nord Mali, revendiquée par l'Azawad et Ansar Eddine, Diarra a précisé, de son côté, que «le Mali est un et indivisible, et il le restera éternellement. Nos lois donnent à chaque citoyen le droit de choisir et de pratiquer sa religion. Personne n'imposera à un Malien de pratiquer une charia dont le pays ne veut pas».
PRESSIONS FRANÇAISES
Après Bamako, M. Messahel s'est rendu au Niger, dans une tournée régionale qui l'a déjà mené en Mauritanie. Cependant, la position algérienne dans le traitement de la crise malienne, notamment le fait qu'il faut que les Maliens discutent eux-mêmes des moyens de résoudre pacifiquement la crise au nord du pays, sans ingérence ni intervention militaire extérieures, n'est pas partagée par la France, beaucoup plus préoccupée de libérer ses ressortissants aux mains d'Aqmi que de régler durablement le conflit malien, notamment la question touareg qu'elle a toujours soutenue. Paris a, dans ce registre, réussi à entraîner dans son giron, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki Moon, et compte présenter prochainement au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution dans ce sens. Hier, en recevant M. Ban, le président français, François Hollande, a réitéré cette option: « la France est prête à voter une résolution à l'ONU sur une intervention militaire africaine au Mali, qu'elle soutiendra sur les plans logistique, politique et matériel». L'adoption d'une résolution à l'ONU «peut se faire dans un délai court», a-t-il ajouté, mais, pour «l'intervention elle-même, c'est aux Africains de s'organiser pour qu'elle ait lieu rapidement et efficacement», a estimé Hollande, ajoutant que «le but c'est éradiquer le terrorisme». La CEDEAO a mis en place, après des mois de tractations, une force militaire de plus de 3.000 hommes, pour aller chasser les groupes armés installés dans le nord du Mali, et qui tiennent les villes de Gao, Tombouctou et Kidal. Par ailleurs, le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé de l'Europe, Philip Gordon, a affirmé que les Etats-Unis soutiendront la France si ce pays «décide qu'il est nécessaire d'intervenir militairement», au Mali. Il a précisé dans un entretien au quotidien «Le Monde», hier mardi, que «‘nous soutenons la France et si elle décide qu'il est nécessaire d'intervenir militairement, elle peut compter sur le soutien des Etats-Unis». Sur l'aide militaire que fournirait son pays, il a seulement indiqué que « sans entrer dans le détail pour l'instant (...) l'attaque de Benghazi a rappelé que le terrorisme existe en Afrique du Nord et qu'il y a des liens avec l'instabilité au Maghreb et dans le Sahel». Mais, cette intervention militaire dépend du feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU. Paris a annoncé qu'elle présentera bientôt au Conseil un projet de résolution visant à préparer le terrain pour ce feu vert de l'ONU. Mais, officieusement, les pays membres de la CEDEAO renâclent à participer à cette mission. Enfin, l'ancien chef de gouvernement italien et commissaire européen, Romano Prodi a été proposé par Ban Ki Moon pour être l'émissaire de l'ONU pour le Sahel. L'Algérien Said Djinnit, représentant spécial du SG de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, a souligné de son côté, qu'une réunion de représentants de la communauté internationale, le 19 octobre à Bamako, sera «l'occasion de se mettre d'accord sur une stratégie avec les Maliens, avec les pays de la région, pour qu'il y ait une convergence de vues sur comment agir vite et efficacement pour le Mali et le Sahel».


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