Née en 1942. Dame de la chanson Algérienne.
De son vrai nom fatima Zohra Badji, Nora est née à Menacer (Cherchell) dans une famille nombreuse et pauvre. La piété de son père l’avait poussé à donner à ses enfants des prénoms empruntés à la famille du Prophète. Elle grandit dans une petite ferme dominant la mer. Toute jeune elle prend goût à la contemplation. Fait de bonnes études primaires en français et en arabe, mais son penchant pour la solitude fait qu’elle évite de prendre part aux jeux des enfants de son âge. Son compagnon est un poste de radio qu’elle doit à l’affection de son père et c’est auprès de ce poste qu’elle passe le plus clair de son temps. Elle écoute avec passion la musique du pays et chante avec le poste les succès qu’il diffuse. De cette époque date sa vocation de chanteuse, qui ne se révèlera cependant que plus tard. Or, voici que ses parents se séparèrent et ce fut l’amertume du foyer détruit. Elle restera avec sa mère mais l’absence du père se fit cruellement sentir. Pour aider sa mère à élever ses enfants, elle abandonna ses études et se lança dans le milieu artistique qui l’avait toujours attirée. La radio cherchait de nouveaux talents ; Elle fit ses débuts dans l’émission enfantine de Rédha Falaki en tant que comédienne puis, son talent se confirmant de jour en jour, elle participera à de grandes émissions dramatiques, aidée en cela par sa connaissance de l’arabe et du kabyle. Les auteurs et compositeurs de l’époque étaient à l’affut de nouvelles voix ; ses qualités vocales attirèrent vite l’attention sur elle et on lui confia de nouvelles chansons à interpréter. Elle n’avait pas seize ans. Saïd Rezzoug, le directeur de la chaine kabyle la présente à Maâmar Ammari comme une dame qu’il fallait aider. Après l’avoir auditionné avec une chanson orientale Ana Manich Radia, il avait vu qu’elle chantait juste. Sur la demande encore une fois du directeur de la chaine, il se mit à lui composer des musiques. Le premier enregistrement se fit en 1957 à Paris, à la maison Teppaz, avec Baâd machfat Ayni, sa première chanson sous la direction de Ammari. Les paroles furent écrites par Mohamed Rédha. Aidé par la suite par Mohamed Jamoussi et Mahmoud Bati, elle deviendra très vite une vedette de la chanson algérienne surtout après le succès obtenu par Ya Youmi Goulili (1959). Elle se mit à apprendre tout les airs anciens des répertoires kabyles, oranais, auressiens, andalous et sahariens pour élargir sa « palette ». Elle s’adonna des années à ce travail de recherche et de découverte, aidée par Kamal Hamadi, auteur dramatique (qu’elle épouse en 1958) très en vogue dans les émissions kabyles. Mieux que par les liens du mariage, ils étaient unis par leur passion commune pour la musique traditionnelle. Mais elle voulait compléter sa culture musicale ; elle s’inscrit à deux cours au conservatoire d’Alger, l’un de musique classique, l’autre d’art dramatique. Elle fut des plus assidues aux deux cours, ce qui lui permit d’obtenir un diplôme d’art dramatique. Elle voulut alors perfectionner ses connaissances à Paris et s’inscrivit au cours Simon. Tout en poursuivant sa carrière de chanteuse sous la direction de M. Jamoussi, elle apprit le solfège et l’harmonie et interpréta pour le disque des œuvres de Mahboub Bati qui, le premier, lui avait fait confiance, d’Amari Maâmar , d’Ahmed Wahby, Mustapha Skandrani l’initia à la musique andalouse. Enfin, Missoum la prendra en main en collaboration avec son parolier M. E. Hachelaf. Ensemble ils mettront au goût du jour la musique algérienne dans ce qu’elle a de plus authentique sur des paroles les paroles de leur génération. Le public ne pouvant que les suivre dans cette rénovation de la musique algérienne, d’où le succès de ses galas et de ses disques. Elle obtiendra chez Pathé-Marconi, en 1970, un des premiers disques d’or consacrant la qualité des chanteurs algériens. Grâce à la variété infinie de son répertoire, elle plaisait à des publics très divers et dans toutes les régions d’Algérie où elle se produisait. Sa voix légère et romantique interprète avec sensibilité et émotion une gamme de sentiments qui va de l’émerveillement de la jeunesse, de la liberté, de l’amour, à l’exil et l’incompréhension familiale. La brillante de Ya Rabi Sidi… se retire définitivement de la scène artistique dès 1980. Réside à Alger.
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Posté Le : 13/09/2011
Posté par : musiquealgerie
Ecrit par : Achour Cheurfi
Source : Dictionnaire des musiciens et interprètes algériens.