Algérie

Non-lieu pour Ziane Hasseni



«La chambre d'instruction
a accordé un non-lieu à
M. Hasseni, il n'est plus concerné par cette affaire»,
a déclaré Me Pelletier.

Interpellé à l’aéroport de Marignane à Marseille le 14 août 2008 sur la base d’un mandat d’arrêt international, Mohamed Ziane Hasseni, responsable à la direction générale du protocole au ministère algérien des Affaires étrangères, a été accusé de «complicité d’assassinat» dans l’affaire de l’opposant algérien Ali Mecili et placé sous contrôle judiciaire en France. Depuis, l’affaire a suscité toute sorte de polémiques et a alimenté les controverses jusqu’à provoquer des frictions diplomatiques entre Alger et Paris. L’affaire a pris ainsi une tournure politico-diplomatique. Désigné par l’ancien officier des services secrets algériens, Mohamed Samraoui, comme étant le commanditaire de l'assassinat du compagnon du chef du FFS, M. Hocine Aït Ahmed, Mohamed Ziane Hasseni se dit depuis son interpellation «victime d'une homonymie». Auditionné par le juge Thouvenot, alors en charge de l'enquête, Samraoui avait reconnu en Hasseni le fameux «capitaine Hassani» qui avait versé, en sa présence à Amelou, le tueur présumé de Mecili, une partie de l'argent de son «contrat» dans un hôtel algérien à l'été 1987. Cependant, Samraoui, au cours d’une confrontation par vidéo-conférence organisée le 4 juin 2009 avec Hasseni, a exprimé des doutes. Il avait déclaré à l’issue de ce face-à-face : au début, «j’étais convaincu à 99% et je repars à 50-50». Entre-temps, Samraoui s’est dit être «victime de pression et de chantage» de la part de ses anciens responsables. Le 26 août passé, le journal électronique français (Rue89) a rendu public un contenu des écoutes téléphoniques, entre Samraoui et un dénommé Mustapha, versées au dossier. Des écoutes qui confirmeraient «des pressions subies par le témoin Samraoui pour changer son témoignage». Pour l’avocat d’Annie Mecili, Antoine Compte, ces écoutes se sont «des éléments incontestables qui démontrent que les autorités algériennes ont tenté, à travers leurs services, de faire revenir le témoin sur ses déclarations en échange du retrait d'un mandat d'arrêt qu'elles ont lancé contre lui», a-t-il déclaré au site Rue 89. Par ailleurs, dans cette affaire dite du «diplomate Hasseni», Samraoui n’est pas le seul témoin. Un autre ex-officier de la Sécurité militaire, Aboud Hicham – un témoin à décharge –  a apporté sa propre version. Il a affirmé, lors de son audition en tant que témoin, le 17 décembre 2008,  que Mohamed Ziane Hasseni «n’est pas le vrai commanditaire du meurtre», et que le vrai commanditaire «s’appelle Rachid Hassani et se trouve en Algérie, tout comme le meurtrier présumé, Abdelmalek Amellou». Aboud Hicham a affirmé dans une interview accordée au magazine français le Nouvel Observateur dans son édition du 14 juin 2001, que «le général Lakhal Ayat (directeur central de la Sécurité militaire en 1987) a eu une réunion à la présidence avec Larbi Belkheir, qui était à l'époque directeur de cabinet du président Chadli et des instructions lui ont alors été données pour monter une opération contre Mecili». Entre temps, l’enquête passe entre les mains des juges Alain Philibeaux et Corinne Goetzmann. Ils ont ainsi décidé le 31 mars que Hasseni passe du statut de mis en examen à celui de témoin assisté en raison de «l'insuffisance des charges pesant contre lui».  
En somme, si la justice française a décidé de «libérer» Mohamed Ziane Hasseni et clore ainsi un épisode dans l’affaire Mecili, il reste que le crime dont fut victime l’opposant et militant des droits de l’homme reste impuni. Annie Mecili, la veuve de l’avocat, refuse cette fatalité. Elle ne cesse d’exiger que toute la lumière soit faite sur un crime qualifié d’Etat. Il s’agit d’un devoir moral de savoir qui sont les vrais commanditaires de l’assassinat de l’opposant Mecili. Et si Mohamed Ziane Hasseni n’est qu’un homonyme, où est passé alors le vrai Hassani ' Il est vrai que 23 ans après le crime, l’affaire Mecili fait trembler à Alger comme à Paris. Va-t-on alors sacrifier le devoir de vérité et de justice au profit d’une certaine raison d’Etat '    


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)