Algérie

"Non à l'élection sans l'accord du peuple !"



C'est, sans nul doute, la mobilisation la plus remarquable depuis le début de l'été qu'a enregistrée, hier, la ville de Tizi Ouzou, où la 29e marche du vendredi n'a, finalement, fait que donner raison à ceux qui, au milieu de la saison estivale déjà, prédisaient une très forte remobilisation à la rentrée.Ce sont, en effet, des centaines de milliers d'hommes et de femmes, tous âges et catégories sociales confondus, qui ont pris part à la marche de ce tout premier vendredi de la rentrée sociale qui intervient, faut-il le souligner, quelques jours à peine après le discours du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, qui a jugé opportun de convoquer le corps électoral le 15 septembre prochain.
Cette annonce est, à n'en pas douter, pour quelque chose dans cette remobilisation massive de la rue qui aura senti que la révolution populaire pour un changement radical du système est plus que jamais menacée et qui, en conséquence, a jugé utile d'assener sa réponse.
Le verdict du peuple n'a, à vrai dire, pas tardé à tomber, puisque la marche a démarré à 13h30 de l'université Mouloud-Mammeri sous les cris de "Ulac lvot ulac", "Makanch lvot ya shab lkaskrout" et "Esmâa, esmâa ya El Gaïd makanch lvot" (Ecoute, écoute Gaïd, il n'y aura pas de vote), "Makanch intikhabate ya el-îssabate".
Sur un large panneau en tête d'un des premiers carrés de la marche, on pouvait lire : "Pas d'élection sans l'accord du peuple". "Nous ne voulons pas d'un président ramené sur un char" et "Pas d'élection avec l'actuelle Constitution".
Les manifestants, qui semblaient excédés par la fréquence des discours de Gaïd Salah, ne cessaient de scander "Barakat, barakat min khitab el-kazernate", qui signifie le rejet du peuple des discours prononcés à partir des casernes.
Le dialogue initié par le panel dirigé par Karim Younès n'a pas échappé à la colère de la rue à Tizi Ouzou, où les slogans écrits et scandés l'ont, hier encore, dénoncé de manière très virulente.
Comme à l'accoutumée, les manifestants ne se sont pas contentés de dénoncer les tenants du régime actuel, leur élection et leur dialogue, puisqu'il y avait aussi, tout au long de l'itinéraire menant jusqu'à la place de L'Olivier, des slogans, tels "Dawla madania matchi âaskaria", "Chaâb yourid el-istiqlal", "Pour une véritable transition démocratique", "Pour l'application des articles 7 et 8", "Nous voulons le respect de la souveraineté du peuple", "Les Algériens d Imazighen bghitou oula krahtou", scandés par intermittence dans la plupart des carrés.
En scandant aussi "Ma ranache habssine heta trahlou", les manifestants réaffirmaient également toute la détermination du peuple à poursuivre le combat jusqu'à l'instauration d'un Etat de droit comme réclamé depuis le 22 février. Comme à chaque fois, depuis juin dernier, les manifestants ont réclamé faut et fort la libération des détenus d'opinion et de ceux emprisonnés pour le port du drapeau amazigh.

Samir LESLOUS


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