Algérie

Noir et blanc



Avec tous les immeubles qu' on badigeonne à Oran, le métier de hittistes risque d'être sérieusement compromis dans les prochaines années. Et au train où on les ravale, on va vite se rendre compte qu'il n'y aura pas assez de façades pour tous les dos disponibles. Soutenir les murs gratuitement ou garer les voitures pour quelques clopinettes, la plupart des jeunes chômeurs ont opté pour la station mobile avec en prime les varices en moins. Mais rassurez- vous, ils n'ont rien à voir avec l'espèce précédente méchante et vociférant qui rackettait littéralement les automobilistes et les menaçait d'un bâton. L'argument étant Massu et même très Massu, les pauvres citoyens payaient et crachaient au bassinet sans dire un mot. Ce n'est plus le même profil désormais. La nouvelle génération est plus souple, polyvalente et très serviable. Elle s'est même organisée en brigades dans les avenues les plus fréquentées, une pour le matin et une pour le soir. Dans certains quartiers, ces vigiles sont devenus incontournables et font presque partie du décor et du mobilier urbain. Ils connaissent les voisins, leurs enfants, ils connaissent les employés de l'administration près de laquelle ils opèrent et leur rendent souvent de menus services, ils savent par exemple quand le médecin de la Houma est absent et à quelle heure il s'entraîne au stade, ils orientent les passants, les renseignent et lorsqu'un bureau de poste est compris dans leur aire de compétence, c'est carrément le jackpot pour ces malheureux. Surtout le 22 de chaque mois, jour de paie des retraites. Aux uns ils prêtent un stylo à bille, aux autres ils leur remplissent un chèque ou leur fournissent des formulaires de secours. Le retour d'ascenseur est toujours assuré par un gros billet bien dodu en guise de khahoua. Une chose est sûre, cependant, le jour où il y aura plus de parkings dans cette ville et moins de pickpockets en prison, nos hittistes refleuriront de nouveau les murs'
M. M.




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