Algérie

Nimes Festival : Le cinéma algérien entre jeunesse et mémoire



Nimes Festival : Le cinéma algérien entre jeunesse et mémoire
Le cinéma est un moyen d'expression difficile d'accès pour les jeunes réalisateurs algériens. « Après les films flamboyants d'après l'Indépendance, les longs métrages tournés sans l'aide de financements extérieurs, européens, sont rares, souligne Guy Lauzy, directeur du cinquième Panorama du cinéma algérien. Les années de terreur ont fait dispaître beaucoup de salles de cinéma. Il n'en reste que douze pour tout le pays. »

Du coup, lorsque la nouvelle génération s'entête à passer derrière la caméra, elle tourne des courts métrages ou des documentaires, souvent percutants. Ils ont malheureusement du mal à être distribués. D'où l'importance des festivals où ils peuvent enfin toucher leur but : être vus et témoigner de la situation actuelle.

1 LES JEUNES

C'est par l'œuvre inédite et forte du jeune cinéaste Nordine Zerrouki, El Mehna, que s'ouvre le Panorama du cinéma algérien, à Nîmes, sous la présidence du consul d'Algérie, Khaled Mouaki Benani, et de Damien Alary, président du conseil général. Un geste fort car ce film offre une vision positive, pleine d'espoir de la dernière période noire de l'Algérie. Le jeune héros, dont toute la famille a été tuée par les terroristes, y passe de l'esprit de vengeance au pardon. Bémol : le réalisateur, qui devait être là, n'a pas encore obtenu son visa.

Amal Kateb aborde le même thème mais sa comédie On ne mourra pas vire au cauchemar quand son personnage, en quête d'un tire-bouchon pour ouvrir une bouteille de vin, devient l'objet de suspicions dans son immeuble. Ce court métrage, encensé par la critique et le public, recevra le prix public d'Écrans libres durant le festival.

Sabrina Draoui, en jeune femme de son tem ps, traite de la sexualité au féminin, un tabou dans son pays. Son film Goulili a participé à 43 festivals internationaux et obtenu onze prix.

2 LES FEMMES

C'est le deuxième thème de cette édition : 'Femmes devant ou derrière la caméra'. Amal Kateb et Sabrina Draoui, qui présenteront leur œuvre à chaque projection, en font partie. Comme Baya Hachemi, députée de l'assemblée populaire et chef du service politique internationale à la télé algérienne, qui signe le portrait de Mamya Chentouf, première journaliste, avant d'avoir été la première sage-femme, algérienne. Comme encore Béatrice Romand, actrice pour Rohmer, née en Algérie, qui a tourné Ma mère.

3 L'HISTOIRE

Le troisième axe s'intéresse à l'histoire, via des films souvent devenus des classiques. Telle la trilogie de Mohamed Chouikh, La citadelle, Youssef et L'arche du désert, histoires d'amour impossibles ou d'amnésie. Cette thématique se penche bien sûr sur la guerre d'Indépendance. Le conflit est vu d'un petit village où maquisards et occupants s'affrontent dans L'opium et le bâton de Rachdi Ahmed, (un des premiers films où joue Jean-Louis Trintignant).

La guerre d'Algérie est représentée à travers la vision d'un peintre orientaliste dans L'archipel des sables de Ghoutti Bendeddouche, qui fit partie de l'équipe qui créa le Centre national du cinéma algérien.

L'affiche nîmoise propose également un polar - Morituri, d'Okacha Touita - et une comédie - De Hollywood à Tamanrasset, de Mahmoud Zémmouri -, dans un quartier d'Alger où des habitants se prennent pour les héros de leurs séries américaines préférées. Ce dernier sera diffusé au centre social et culturel André- Malraux, au Chemin-bas d'Avignon. On y verra aussi Goulili, en présence de sa réalisatrice, le coup de cœur du Panorama « car ce film, à la fois drôle et intelligent, parle de l'Algérie d'aujourd'hui et incite à la discussion ».




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