Algérie

Ni les contrôles ni les prêches n'y peuvent rien: La flambée des prix du ramadhan se profile déjà



L'inflation en juin a été modeste. Elle n'annonce pas un ramadhan tranquille. Les prix ont déjà pris le chemin de la hausse. Ni les contrôleurs des prix ni les prêches des imams ne paraissent pouvoir éviter la flambée traditionnelle de la première quinzaine du mois sacré. La seule solution est individuelle : modérer, voire réduire sa consommation.

Le chiffre de l'inflation a légèrement baissé au mois de juin pour s'établir, selon l'Office National des statistiques, à 3,5% contre 3,7% en mai. C'est le troisième mois où l'on enregistre une baisse puisque l'inflation était de 3,9% en avril. L'indice des prix à la consommation est resté stable à (+ 0,7%). Les produits alimentaires ont reculé de 0,7 %. Dans le détail, les produits agricoles frais ont baissé de 2 %, le poisson frais (10,4%), les légumes (- 6,3%) et la viande de poulet (- 4%). En contrepartie, les produits alimentaires industriels enregistrent une modeste hausse de (0,4%). Le café enregistre une hausse de 0,8%, la semoule, qui avait augmenté de 9,4% en mai, a connu une autre hausse de 1,2 % en juin. A priori, ces chiffres combinés aux «efforts» annoncés par les pouvoirs publics pour assurer un approvisionnement suffisant en produits alimentaires devraient permettre d'assurer un ramadhan «tranquille». Mais ces chiffres portent sur le mois de juin. De manière empirique, on constate pour cette deuxième moitié du mois de juillet une hausse sensible des prix qui préfigure la flambée des prix, désormais classique et quasi inévitable des dix premiers jours du mois de ramadhan. Même dans des marchés connus pour la modeste marge que s'offrent les marchands – comme ceux de Maqaria, Bachdjarah ou Belcourt dans la capitale, la hausse est déjà palpable. Les chiffres de l'ONS pour le mois de juillet devraient se ressentir de ce mouvement vers la hausse. Dans les marchés, les revendeurs n'expliquent pas clairement cette poussée vers la hausse même si beaucoup la mettent confusément sur l'approche du ramadhan. Le constat est cependant mis sur le fait que l'offre est moins consistante qu'à l'ordinaire, ce qui crée une pression sur les prix. Certains marchands tentent une explication en présumant que les «gros» préfèrent stocker les produits en frigo afin de profiter d'une hausse des marges durant la première quinzaine du mois de ramadhan.

Les «gros» toujours en avance d'un coup

Les mandataires paraissent toujours en «avance» d'un coup sur les mesures et les promesses des autorités. Les commerçants, eux, ne cachent pas qu'ils accordent plus d'importance aux décisions prises de manière «informelle» par les mandataires qu'aux annonces gouvernementales d'un approvisionnement suffisant destiné à préserver les prix. C'est qu'il est difficile de ne pas constater – sauf à faire l'aveugle – que la flambée des prix est déjà là et n'attend pas le ramadhan. La vraie couleur du marché «mois de la miséricorde» n'est en tout cas pas annoncée par le chiffre ONS de l'inflation du mois de juin mais par la réalité des prix en ces derniers jours de juillet. La tomate tourne autour de 60-70 dinars et parfois, quand les étals sont peu achalandés (cela a tendance à être la règle ces derniers temps), avec des pointes de 80 dinars. La courgette est presque en ramadhan avec un prix de 100 dinars et plus. Ces deux produits qui font le quotidien de la chorba de ramadhan ne sont pas les seuls à prendre de l'envol. Pratiquement, tous les légumes sont en hausse sensible par rapport aux prix qui prévalaient au début du mois de ramadhan. Les Algériens sont avertis. S'ils ne choisissent pas de modérer leur consommation durant la première quinzaine du ramadhan, ils risquent d'être déplumés dans le traditionnel guet-apens qui se répète chaque année. Les contrôleurs des prix, en nombre insuffisant pour être efficaces, ne seront pas d'un grand secours. Pas plus que les imams qui, selon le chargé de l'information du ministère des Affaires religieuses, sont invités à se soucier des choses terre à terre. Ils sont instruits d'Å“uvrer à «dissuader» les commerçants de saisir l'opportunité du mois sacré pour «réaliser des gains faciles en faisant le malheur du simple citoyen qui subit les effets de la hausse des prix des produits de large consommation».




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