Algérie

Ni la peste ni le choléra



Un processus de transition est mis en branle depuis hier en Egypte. Même si la feuille de route que se donne le nouveau pouvoir est qualifiée de délicate et complexe par l'Armée, le pays semble désormais engagé sur la voie d'une sortie de crise. En dépit des profondes divisions qui se manifestent dans la rue par des violences extrêmes, le pays devrait renouer avec le processus démocratique et se doter de nouvelles institutions élues au cours des neufs prochains mois. Que Le Caire se permette déjà le "luxe" de rouvrir dès aujourd'hui le point de passage de Rafah, à la frontière avec la bande de Gaza, est d'ailleurs un signe évident de détente.Pour autant, le pays des Pharaons aura vécu une expérience qui constitue une première. Mais elle est de nature à inspirer les peuples de la région, à commencer par celui de Tunisie qui vit sans doute la situation la plus proche de celle qui prévalait sur les bords du Nil sous le règne de Mohamed Morsi et des Frères musulmans. L'expérience est donc riche en enseignements. Y compris pour les partenaires politiques et économiques étrangers des pays arabes.
Premier enseignement : si les anciennes dictatures avaient duré des décennies, elles le devaient à la terreur et au soutien d'un Occident qui, peu regardant sur les entorses à la démocratie et sur les principes universels du droit et des libertés, n'avait d'yeux que pour ses intérêts immédiats qui riment avec pétrole, phosphate ou métaux précieux. Or, la terreur est désormais vaincue. Le "Printemps arabe" est passé par là. Aucune sorte d'autocratie ne peut, à présent, prétendre à la longévité. Quel que soit son socle idéologique. Les Frères musulmans d'Egypte ne l'avaient pas compris à temps, ils en paient aujourd'hui le prix. Ils avaient oublié que la durée de vie des dictatures est toujours proportionnelle au bien-être matériel, ou tout au moins alimentaire, qu'elles peuvent garantir à la population. Mais les Frères musulmans, en particulier, et les islamistes, en général, ont ceci de particulier qu'ils ne conçoivent la légitimité populaire que comme le corollaire d'une autre légitimité qui leur est acquise par principe : celle que leur confère la religion. Une légitimité divine, en quelque sorte.
Second enseignement : l'islam politique n'est pas une fatalité pour les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Pas plus que ne l'étaient les anciens régimes dictatoriaux, dont ceux de Moubarak et Ben Ali, ou ceux qui sont encore aux commandes. Contrairement à une thèse que l'Occident avait longtemps mise en avant pour justifier ses louches amitiés avec les pouvoirs en place dans la région, les Algériens, Tunisiens, Marocains ou autres Egyptiens ne sont pas condamnés à choisir entre la peste et le choléra.
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