Algérie

Neutralité ébranlée



Y a-t-il eu une ingérence politique de la part des gouvernements de l'Union européenne dans la décision de suspendre les équipes russes de toutes les rencontres internationales pour une durée indéterminée, visant le Mondial 2022, la Ligue Europa et l'Euro des sélections féminines ' La réaction à chaud du Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a tweeté «Bravo à la FIFA et à l'UEFA» à la suite des décisions de ces deux fédérations associatives, en dit long sur la convergence des positions. C'est une première dans le monde du sport. Notons dans ce contexte que la Fédération internationale de football association (FIFA) et l'Union européenne des associations de football (UEFA), qui ont pris la décision en question, dans le sillage de la position du Comité international olympique (CIO), qui a recommandé de son côté aux Fédérations internationales de «ne pas inviter» les athlètes et équipes russes et biélorusses dans les compétitions sportives internationales, sont des associations sportives, comme l'indique leur dénomination, qui ont toujours été très « allergiques » à toute ingérence gouvernementale dans les affaires des fédérations qui leur sont affiliées. On a souvent assisté à la suspension de fédérations nationales de football pour cause d'immixtion des gouvernements dans leur gestion, montrant ce côté « intransigeant » de la FIFA, très jalouse de l'indépendance de ses fédérations locales élues. D'une manière générale, on fait toujours le distinguo entre le politique et le sport, qui n'ont jamais fait bon ménage. Parfois, on l'a vu sur les stades, le fait simple pour un joueur de célébrer un but en l'accompagnant de gestes qui expriment son soutien politique à une quelconque cause, peut lui coûter cher, très cher, idem pour le refus d'affronter une équipe ou un sportif en obéissant à des considérations politico-diplomatiques. Les décisions de la FIFA, de l'UEFA et du CIO, ciblant les sportifs russes, victimes à leur insu du conflit en Ukraine, ébranlent donc la «sainte» neutralité de ces associations. Même le régime raciste de l'apartheid n'a pas été ciblé par des sanctions directes émanant de ces associations, qui se sont référées, dans ce cadre, à la convention internationale contre l'apartheid dans les sports, qui a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1985. Comment expliquer alors cet élan «exceptionnel» dans les décisions de ces associations sportives rejoignant la pluie de sanctions adoptées par les gouvernements occidentaux contre la Russie ' N'a-t-on pas pensé aux effets catastrophiques qui risquent de diviser le mouvement sportif mondial si on faisait jurisprudence de ces décisions dans d'autres conflits ' Très prochainement, le Tribunal arbitral du sport (TAS) sera mêlé de très près à cette affaire, suite au dépôt envisagé d'une plainte par la fédération russe, qui a affirmé qu'elle se «réserve le droit de contester cette décision de la FIFA et de l'UEFA en accord avec le droit du sport international».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)