Algérie

Neuf autorisations d'importation: De la viande d'Inde pour le f'tour



A moins de deux semaines du Ramadhan, les ménages algériens sont alertés : ils pourront s'approvisionner en viande ovine «désossée et congelée» importée d'Inde, dont le prix de vente variera entre 410 et 560 dinars le kilogramme. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a donné son feu vert. De la viande «sacrée» sera bientôt sur les tables du f'tour.

 C'est la première fois que l'Algérie, qui importe de la viande fraîche et congelée d'une dizaine de pays, autorise l'importation de viande de l'Inde afin de contenir la forte demande sur ce produit, caractérisant toujours l'arrivée du mois de ramadhan, indique-t-on.

 Dans un entretien à l'agence de presse APS, Karim Boughalem, sous-directeur de la santé animale au ministère de l'Agriculture, a précisé que «les négociations pour l'importation des viandes de ce pays, entamées en 2001, étaient le fruit de neuf ans de négociations au bout desquelles l'Inde a réussi à obtenir la certification pour l'exportation de sa viande vers l'Algérie, après avoir répondu à toutes les exigences sanitaires» et après «des visites sur place». M. Boughalem a encore assuré que ces viandes seront importées de deux Etats indiens musulmans.

Quelques importateurs heureux

Cette dernière précision paraît superflue, dans la mesure où toutes les viandes importées en Algérie, de tout temps, sont abattues selon le rite musulman ou en tout cas certifiées comme telles. C'est ainsi que le ministère de l'Agriculture annonce avoir délivré, jusqu'à présent, neuf «dérogations sanitaires» pour l'importation de viande bovine désossée et congelée de l'Inde, dont quatre pour la Société de transformation et de conditionnement des viandes (Sotracov, publique). Il ne précise pas quels sont les autres heureux importateurs du secteur privé, ni s'ils auront des facilités bancaires, en ces temps de «vaches maigres» caractérisés par l'institution du Credoc. Cela dit, M. Boughalem a tenu à expliquer que les prérogatives du ministère se limitaient à l'octroi des certifications et des dérogations, «l'importation effective restant l'affaire des opérateurs économiques eux-mêmes».

 Le responsable du ministère a expliqué que la certification d'un produit «n'est pas limitée dans la durée mais peut être suspendue en cas d'évolution de la situation sanitaire du pays exportateur». La dérogation est, par contre, «délivrée pour une seule opération d'importation et précise le lieu d'embarquement et de débarquement ainsi que les moyens de transports utilisés», a-t-il encore précisé. Il faut savoir que les services vétérinaires algériens ont une compétence et une efficacité reconnues. Leur visa apposé à une telle opération est un gage de la bonne qualité du produit. Il en va ainsi de toutes les autres viandes importées contrôlées par ces services. On signale dans ce contexte qu'à son arrivée au port, le produit est contrôlé par le service vétérinaire ou phytosanitaire qui vérifie l'application de toutes les mesures requises et procède à des échantillonnages codifiés, avant de décider de son introduction sur le territoire national. Une fois la marchandise introduite, elle est également soumise au contrôle tout le long du circuit de stockage et de distribution par les services vétérinaires de wilaya et les services de la répression des fraudes.

 La Sotracov (secteur public), filiale de la SGP-Proda, doit importer durant le mois de ramadhan 4.000 tonnes de viandes indiennes, dont la première livraison est attendue lundi prochain, a indiqué son Pdg Djahid Zfizef. «Nous importons d'autres pays mais nous allons continuer d'importer d'Inde du moment que c'est un marché porteur», a-t-il affirmé.

De la viande congelée à longueur d'année

On rappelle qu'il y a quelques mois, les milieux commerciaux étaient agités par une controverse au sujet d'un projet d'importation de viande bovine du Soudan. L'affaire semble s'être tassée. Plus personne n'en parle, notamment au niveau du ministère de l'Agriculture. Si elle importe pour la première fois de la viande indienne, l'Algérie importe déjà de la viande rouge congelée de plusieurs pays tels l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Argentine, le Brésil, le Salvador, l'Uruguay, le Danemark, la Georgie et l'Italie. Les importations des viandes rouges fraîches proviennent de leur côté du Brésil, du Chili, des Pays-bas, d'Allemagne, du Danemark, de France, d'Irlande, de Belgique et d'Italie.

 Par les chiffres, durant le premier semestre 2010, l'Algérie a importé 25.661 tonnes de viandes rouges pour un montant de près de 67 millions de dollars, contre 33.748 tonnes pour 91,3 millions de dollars durant la même période en 2009, selon les dernières statistiques des Douanes. Elles ont donc baissé de plus de 27%.

 Les viandes bovines désossées congelées constituent l'essentiel des importations avec 24.631 tonnes pour 62,8millions de dollars, suivies par les viandes bovines fraîches ou réfrigérées avec 549,7 tonnes (2,4 millions de dollars), et les carcasses ou demi-carcasses de bovins, fraîches ou réfrigérées, avec 331,6 tonnes pour un montant de près de 1,4 million de dollars. De janvier à juin dernier, les importations de viandes ont été réalisées principalement avec le Brésil et l'Uruguay.

 Toutes ces informations montrent qu'il y a sur le marché algérien, à la disposition du consommateur, de la viande congelée à longueur d'année. Son prix varie entre 400 et près de 600 dinars, selon la qualité. La fourchette est presque identique à celle de la viande indienne en cours de livraison. Et cette opération d'importation se présente comme une «action d'appoint» sur un marché déjà «structuré».




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