Algérie

NEPAD, toujours rien ?



Plus on parle de pauvreté en Afrique, plus elle s'étend à de nouveaux territoires, de nouvelles misères. Ce n'est pas faute de richesses naturelles, humaines ou même financières, dans certains cas, que l'Afrique s'appauvrit au point de ne pouvoir satisfaire ses populations en denrées de base, mais plutôt par le déficit de ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui «la bonne gouvernance».  Identifié par les experts de différents bords, de différentes institutions, de différentes langues comme la cause première du retard du développement du continent noir, ce déficit n'arrive plus à s'expliquer par le seul passé colonial des Etats africains, par le seul passé tribal de ses populations.  Les indépendances acquises par différentes voies ont certes laissé des traces de traumatismes, mais elles auraient pu au moins permettre la naissance d'Etats, si les autoritarismes post-indépendance n'avaient détourné les volontés populaires vers une vision restreinte du pouvoir. Une vision principalement tribale dans certains cas, doublée d'une militarisation d'institutions naissantes dans d'autres. Cela s'est accompagné d'une restriction des libertés, dont celle de l'expression est la plus importante.  Aujourd'hui, le retour aux libertés sous la houlette de la mondialisation, posé comme condition préalable à toute aide de la part des pays développés, à tout investissement dit étranger, pousse les gouvernants africains à la révision de leur mode de pouvoir. A son lancement le 23 octobre 2001, le NEPAD se voulait une promesse de bien faire pour «éradiquer la pauvreté; placer les pays africains, individuellement et collectivement, sur la voie d'une croissance et d'un développement durables; mettre un terme à la marginalisation de l'Afrique dans le contexte de la mondialisation et promouvoir son intégration complète et profitable à l'économie mondiale; accélérer le renforcement des capacités des femmes afin de promouvoir leur rôle dans le développement socio-économique ». Tout un programme fédérateur. En quelques mots, promouvoir les droits les plus élémentaires qu'exige la citoyenneté et libérer les énergies emprisonnées par le culte de la personnalité ainsi que de cette approche paternaliste qui pousse une jeunesse désespérée à se faire engloutir par les mers ou débarquer, humiliée, sur des plages de fortune dans le meilleur des cas.  Mais qu'est-ce que le NEPAD, sinon une opération de charme à l'endroit des investisseurs occidentaux, qui trouvent en Asie et en Amérique latine de meilleures conditions de valorisation de leurs investissements ? Le dernier G8 l'a d'ailleurs largement démontré, malgré l'apparente affection historique que ses chefs portent aux « Africains dissociés ».  Pendant ce temps, l'Afrique se livre des guerres pour donner l'occasion aux défenseurs sélectifs des droits de l'homme de dire que le NEPAD n'est qu'une coquille vide ou vidée de sa substance première par narcissisme. Le sommet d'Accra le verra-t-il de cet oeil ? Ou continuera-t-il à croire en ses rêves de commission en commission ?




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