Néorévisionnisme, dites-vous ?

Sept ans, presque jour pour jour, les évènements du 11septembre et les fameux avions-suicide qui ont fait s'écrouler comme un châteaude cartes les célèbres Twin Towersnew-yorkaises, font un come-back des plus surprenants dans le PAF (paysageaudiovisuel français), toujours «plombé» par des poncifs à la peau dure.

C'est, en effet, un véritable pavé qui vient d'être jetédans la grosse mare des «eurocertitudes» par unepersonnalité fort connue du monde du showbiz français. En direct sur les ondesd'une radio à large audience, un artiste, au demeurant fort apprécié desFrançais, a commis l'impardonnable «parjure» de qualifier d'«imposture dusiècle» la version yankee donnée des évènements du 11 septembre 2001.

Se basant sur un livre (best-seller des librairies) sortidernièrement en France et consacré aux évènements du 11/09, dans lequell'auteur, lui-même journaliste, et à partir de l'identité des victimessupposées décédées dans les deux avions, investigue avec métier et dissèqueavec force arguments la thèse du «complot américain», l'artiste, peut-être unpeu trop «iconoclaste», s'est franchement rangé du côté du journalisteinvestigateur et a allégrement franchi le Rubicon des «interdits» pour déchaînerune noria de contre-attaques digne de l'ère de l'inquisition.

Le journaliste, animateur de l'émission, dans unehallucinante synchronie, a été, sans aucune autre forme de procès, la cibledirecte d'un lynchage en règle de la part de ses collègues et des médiasfrançais pour avoir «laissé faire» l'auguste invité, la direction de la chaînese contentant de porter l'estocade en se désolidarisant de son journaliste. Cedernier, invoquant pourtant le droit sacré et inaliénable à la liberté d'expressionau pays des droits de l'homme, n'a essuyé en retour que coups de Jarnac etinsidieux quolibets.

Trop, c'en est trop pour l'aréopage bien-pensant parisienqui pousse des cris d'orfraie en dénonçant une nouvelle forme de révisionnisme (antiaméricain?) qu'il «faut absolument extirper de toutes les caboches vivant sur le soleuropéen», comme déclamé sans broncher (en direct sur un plateau de télévision)par un sieur qui se présente comme un (cynique) opposant à tout principe derepentance des ex-puissances coloniales à l'adresse des ex-colonies.

Alors, la liberté d'expression en tant que valeurfondatrice du monde dit libre est-elle à ce point capable de muter dans letemps et dans l'espace pour en faire usage ou non selon que la «liberté depenser» est en notre faveur ou pas ? De nombreux pays subissent un blocuspolitico-économique des plus injustes pour avoir soi-disant enfreint la«religion» du monde dit libre, une religion où tout le monde est censé avoir ledroit plein et entier de penser, de chanter, de dire, d'écrire ce qui lui passepar la tête.

Mais ce dont l'on se méprend souvent, peut-être parce quetrop benoîts, c'est sur ce «monde libre» qui confond volontiers terrorisme etdroit des peuples à disposer de leur destin, liberté de conscience etostracisme antireligieux, ou encore cette drôle de démocratie qui n'estreconnue comme telle que si le personnel politique en place est classé dans laloge des «amis».

La question qui mérite cassement de tête est celle desavoir justement lequel du Zimbabwéen, du Pakistanais ou du Chinois a le droitd'user et d'abuser de «sa» liberté d'expression lorsque celle-ci n'abonde pasdans le sens de la conception «occidentalisée» des valeurs fondatrices du mondedit libre. Quant à la liberté (tout court), que l'on veut à tout prix inoculerà l'autre versant du monde que l'on dit enchaîné par les boulets érodés desdictatures mal inspirées, autant se nourrir d'amour et d'eau fraîche enattendant de courir après le diable vauvert.