Algérie

Négligence, contrefaçon et persistance du mauvais temps Les ingrédients d’une tragédie


Publié le 09.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Le monoxyde de carbone a provoqué la mort de 17 personnes depuis le début du mois.
Le scénario se répète à chaque saison hivernale
La vie de pas moins de 27 personnes frappées en plein sommeil par le monoxyde de carbone ne tenait qu'à un bout de fil. Ces victimes membres de 7 familles respectives ont été retrouvées totalement inconscientes en train de mourir à petit feu, avant d'être secourues par les éléments de la Protection civile suite à l'inhalation du CO2 au cours des dernières 48 heures. C'est ce que nous avons appris, hier, du commandant Nassim Bernaoui, le sous- directeur des statistiques et de l'information auprès de la direction générale de la Protection civile (Dgpc). Dans les détails, le responsable affirme que les équipes de secours ont sauvé in extremis 2 personnes à Blida, 2 autres à Guelma, 4 personnes à Oum El Bouaghi, 3 personnes à Djelfa, 5 personnes à Oran, 5 personnes à Naâma, et 4 personnes à Mostaganem». Les soins de première urgence prodigués aux victimes, notamment leur oxygénation pendant des heures et ce dès l'arrivée des secouristes sur les lieux, bourrées par ce gaz mortel, jusqu'à leur transfert vers les structures sanitaires a permis de les ramener à la vie. Les interventions rapides et les efforts déployés par les pompiers ont, pour cette fois-ci, été payées de retour. Cependant, la fin n'est pas toujours heureuse pour les victimes de ce gaz inodore et incolore. Depuis le début du mois en cours, 17 personnes sont décédées par asphyxie au monoxyde de carbone émanant des fuites de gaz, selon le dernier décompte établi par la Dgpc. Le constat est plus qu'alarmant. Le bilan risque de s'alourdir davantage du fait de la persistance du mauvais temps. Des pluies parfois sous forme d'averses orageuses accompagnées localement de chutes de grêle et de rafales de vent sous orages, continueront d'affecter plusieurs wilayas du centre et de l'est du pays, alerte un bulletin météorologique spécial (BMS) émis par les services météorologiques. L'alerte au monoxyde de carbone est relayée par tous les moyens possibles. À la radio, à la télé, sur les réseaux sociaux et même dans les mosquées. Les éléments de la Protection civile, les agents de contrôle du ministère du Commerce, les équipes de la Sonelgaz, les imams, les scouts se serrent les coudes pour freiner la tragédie qui a causé le décès de 130 personnes depuis le début de l'année. Ce sont quelques-uns des acteurs concernés par la toute dernière campagne nationale de sensibilisation aux risques du monoxyde de carbone, qui touchera l'ensemble des mosquées, comme précisé par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Youcef Belmehdi. Le ministère du Commerce est l'un des acteurs engagés dans la course contre la montre pour stopper le drame. Le représentant du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Boukhedache, a, dans ce sillage, indiqué que «le ministère avait lancé une campagne de contrôle de la conformité des appareils de chauffage au gaz, des chauffe-eaux et des détecteurs de monoxyde de carbone». Le travail mené sur le terrain a permis de cerner le nouvel ingrédient mortel. Les appareils détecteurs contrefaits, dont le secteur a procédé au ‘'retrait définitif ‘' du marché national de 6 marques pour non-conformité aux normes en vigueur, comme souligné par Kamel Boukhedache. La Sonelgaz veillera de son côté à la poursuite des opérations d'installation des détecteurs de monoxyde de carbone dans les foyers. Une démarche qui avait débuté à partir des Hauts-Plateaux, comme affirmé par la directrice de la communication de Sonelgaz, Fatima-Zohra Merzougui. L'interlocutrice a par ailleurs fait état de «plus de 11 millions de foyers qui en seront équipés après la généralisation de l'opération». Pour le colonel Farouk Achour, la lutte contre ce phénomène nécessite des efforts continus afin de sensibiliser l'opinion publique au nécessaire respect des mesures de sécurité pour réduire le nombre de victimes. La tragédie des asphyxies est causée par des erreurs de prévention, l'absence de ventilation, le mauvais montage des appareils de chauffage ou un défaut d'entretien, a renchéri le commandant Nassim Bernaoui.
Mohamed AMROUNI

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