Le recours au procédé de dessalement d'eau de mer a été dicté par le phénomène cyclique de la sécheresse auquel est exposée l'Algérie.Au ministère des Ressources en eau, on ne se restreint pas à la préparation de la saison estivale. Le département de Hocine Necib s'attelle à mettre à exécution un programme qui se projette sur les moyen et long termes.
Le 27 février dernier, le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, a annoncé qu'un programme spécial est tracé pour préparer la saison estivale 2018. Une rencontre multisectorielle a été organisée pour annoncer les grandes lignes de ce programme, conçu pour parer à toute éventuelle perturbation de l'alimentation en eau potable dans plus de 25 wilayas. Nous nous sommes rapprochés des services de ce ministère pour connaître le détail de ce plan tracé par l'actuel ministre afin de faire face aux innombrables problèmes auxquels fait face le pays pour assurer un service public de l'eau pérenne. Après une rencontre avec les différents responsables au sein du département de Hocine Necib, il s'est avéré que le plan ne concerne pas uniquement la saison estivale de l'année en cours, mais d'un programme qui se projette sur les moyen et long termes.
31 milliards de dinars sont nécessaires
En raison du déficit de la pluviosité pour l'année 2016/2017, qui a atteint 37% à l'ouest, 21% à l'est et 12% au centre du pays, avec comme conséquence des perturbations dans la distribution d'eau potable dans 25 wilayas du pays, une enveloppe de 27 milliards de dinars a été allouée pour finaliser des projets déjà engagés ou entreprendre de nouvelles actions afin de pallier une nouvelle perturbation. À cette somme s'ajoutent 4 autres milliards de dinars pour 5 autres wilayas qui n'ont pas connu, certes, de perturbations, mais qui nécessitent une certaine vigilance. Dans le plan réalisé en collaboration avec les ministères de l'Intérieur et de l'Energie, un diagnostic a été établi sur les 25 wilayas qui ont connu des perturbations dans la distribution de l'eau durant l'été 2017. Amirouche Smaïn, directeur de l'alimentation en eau potable, a expliqué qu'après le diagnostic effectué, commune par commune, il ressort la nécessité d'engager des actions complémentaires, portant principalement sur la réalisation de nouveaux forages et sur la réhabilitation d'autres, sur la réhabilitation des stations de pompage, sur la rénovation des conduites d'adduction et des réseaux de distribution, sur les réalisations d'ouvrages de stockage et de stations monoblocs de traitement et sur le raccordement de forages. Ce plan prévoit d'alimenter, quotidiennement, 367 communes avant l'été et 225 autres vers la fin de l'année. Ce financement est prévu par tranche : 50% en mars, 25% en juillet et 25% en octobre. Ce même plan prévoit, également et conformément aux décisions arrêtées lors de la rencontre gouvernement-walis, de programmer une intégration progressive à l'ADE du service public d'alimentation en eau potable géré actuellement par 558 communes à l'horizon 2020. Le transfert de la gestion à l'ADE des systèmes d'AEP de 558 communes est évalué à 56 milliards de dinars.
Un assainissement des dettes des administrations publiques et des communes a été décidé par le département de l'Intérieur et celui des Ressources en eau dans le cadre de ce plan. La facture impayée des communes s'élève à 14 milliards de dinars, dont 7,8 milliards de créances de l'ADE auprès des communes, et la dette de l'ADE envers Sonelgaz s'élève à 7,8 milliards de dinars. Dans le même plan, un volet portant sur la sécurisation de l'alimentation en énergie électrique des installations d'AEP est mentionné. À souligner, toutefois, que tous les projets du secteur ont été dégelés par le gouvernement. "Le ministre a tout fait pour décrocher les financements nécessaires pour les projets du secteur, d'où le dégel de tous les projets, comme ceux de la santé et de l'éducation nationale", apprend-on auprès des directeurs centraux du département de Hocine Necib.
Le "conventionnel" et les "ressources alternatives"
Aux côtés des efforts consentis pour mobiliser au maximum la ressource avec les 80 barrages réalisés, 5 livrés récemment et autant en cours de réalisation, sans omettre ceux à l'étude, ce même volet se taille la part du lion dans les projets du ministère. Ainsi, au-delà des infrastructures réalisées pour mobiliser les eaux superficielles (8,6 milliards de m3 mobilisés et transférés sur 127 000 km de réseau) ; les eaux souterraines sont aussi concernées avec un débit mobilisé de 66 000 l/s soit 5,7 millions m3/j, à travers la réalisation de 4 603 forages. Il y a lieu, également, de souligner que le dessalement occupe une place prépondérante dans le plan d'action tracé par Hocine Necib. Selon ses adjoints au département, "c'est l'un des axes principaux sur lequel le ministre concentre ses efforts". Et pour cause : la rareté de plus en plus accrue de la ressource, impose le recours à la mobilisation des eaux dessalées et déminéralisées. Appelé "ressources alternatives", "le recours au procédé de dessalement d'eau de mer a été dicté par le phénomène cyclique de la sécheresse auquel est exposée l'Algérie, ce qui a mené, dès le début des années 2000, à l'engagement d'un programme d'urgence pour la sécurisation de l'alimentation en eau potable de la zone côtière", explique-t-on au ministère, ajoutant qu'un programme spécial a été tracé dans ce volet.
Dans l'exécution de ce programme, 11 stations de dessalement d'eau de mer d'une capacité de production de plus de 2 millions de m3, soit un volume annuel de 770 millions de m3, représentant 17% de la production d'eau potable, ont été réalisées. Par ailleurs, le gouvernement a accordé, récemment, les financements nécessaires pour la réalisation de 3 grandes stations à Alger, à El-Tarf et à Béjaïa. Ce même procédé a été adapté pour la saison estivale 2018. Ainsi, l'on apprend qu'une action spécifique a été mise en place dans des petites villes côtières à grande affluence touristique par le renforcement de l'alimentation en eau potable à travers la rénovation et le transfert de 7 stations monoblocs de dessalement d'une capacité variant de 2 500 à 5 500 m3/j pour un total de 33 000 m3/j. Elles sont situées dans les wilayas de Tlemcen, d'Oran, d'Aïn Témouchent, de Chlef, de Tizi Ouzou et de Skikda. Une somme de 4,65 milliards de dinars est allouée à cette opération.
Pour les villes du Sud et des Hauts-Plateaux, dans le souci de fournir une eau de bonne qualité, l'accent a été mis sur l'installation de 23 stations de déminéralisation d'eaux saumâtres d'une capacité globale de 254 000 m3/j, destinées à l'alimentation en eau potable d'une population de 665 000 habitants localisés dans les wilayas de Tlemcen, de Khenchela, de Souk Ahras, d'Illizi, d'Ouargla, d'El-Oued, de Béchar, d'Oran, de Tamanrasset, de Biskra et de Tindouf.
S'ajouteront 4 autres stations de déminéralisation en cours de réalisation à El-Oued et à Illizi. D'une capacité de 53 500 m3/j, elles permettront l'alimentation d'une population de 235 000 habitants pour un investissement de 6,15 milliards de dinars. À retenir que l'eau distribuée par les ADE équivaut à 1,7 milliard de m3, pour une population de 26 400 000 habitants, soit 65% ; les SPA, 0,9 milliard de m3, pour une population de 7 300 000 habitants, soit 18% et les APC avec 1 milliard de m3, pour une population de 7 000 000 d'habitants, soit 17%. Ce volume est réparti sur 3 millions de m3/j (32%), d'eaux superficielles, 5 millions de m3/j (51%) d'eaux souterraines et 1,5 million de m3/j (17%) d'eaux dessalées.
À noter, à ce propos, que le taux de remplissage actuel est de 55,47%, soit 6 847 24 milliards de m3 avec un volume mobilisé de 3 797 97 milliards de m3, informe Arezki Baraki, DG de l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT).
Ressources en eau et développement agricole
L'apport du ministère des Ressources en eau au développement agricole est tracé, explique Omar Bougueroua, directeur de l'hydraulique agricole, dans le cadre du projet intersectoriel de développement hydro-agricole, qui vise la valorisation des terres agricoles à travers l'extension de la superficie irriguée d'un million d'hectares. Pour atteindre cet objectif, les services du ministère des Ressources en eau et ceux du ministère de l'Agriculture ont établi un programme de réalisation en tenant compte de nos capacités en matière de ressources naturelles (eau et sol). Il s'agit de 376 000 ha en grands périmètres irrigués (GPI) et périmètres de réutilisation des eaux usées épurées, à la charge du ministère des Ressources en eau (MRE).
De 624 000 ha en petite et moyenne hydraulique (PMH) et périmètres de mise en valeur par concession, à la charge du ministère de l'Agriculture. Selon notre interlocuteur, 50% du programme est lancé avec 184 000 ha sont livrés à l'exploitation, 217 000 ha sont en cours de travaux et 100 000 ha sont en voie de lancement. En matière de mobilisation des ressources en eau, les programmes engagés par le secteur des ressources en eau ont atteint 7 milliards de m3, explique M. Bougueroua. Concernant l'assainissement, M. Lyazid Bouzroura, sous-directeur du développement à la direction de l'assainissement, que les programmes mis en ?uvre depuis 2000, ont permis de réaliser 173 nouvelles stations d'épuration (Step et lagunes), ce qui porte le nombre total de stations en exploitation à 187, de plusieurs systèmes de protection des villes contre les inondations, notamment Batna, Sidi Bel-Abbès, Aïn Defla, Jijel, ainsi que la vallée du M'zab et de deux grands projets structurants de lutte contre la remontée des eaux dans les régions d'El-Oued et d'Ouargla. Le linéaire de réseau d'assainissement a atteint actuellement plus de 47 000 km, permettant un taux de raccordement de la population de 91% en 2017.
Pour ce qui est de l'épuration, il a indiqué que le parc national de stations d'épuration compte 187 stations en fonctionnement avec une capacité installée estimée à environ 860 hm3/an dont 400 hm3/an sont réellement épurés permettant d'irriguer 80 000 ha. Le bilan d'exploitation au titre de l'année 2017, fait ressortir une superficie irriguée à partir des eaux usées épurées de l'ordre de 12 000 ha à partir des Step et lagunes en exploitation. Le volume actuellement réutilisé est de 60 millions de m3. Indépendamment de ce volet, Outre la lutte contre le phénomène de la remontée des eaux, notamment à Ouargla et à El-Oued, il y a celle contre les inondations concernant plusieurs wilayas du pays.
M. M.
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Posté Le : 12/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Mouloudj
Source : www.liberte-algerie.com