Algérie

NEAL, l'acteur algérien du renouvelable, menacé de dissolution



New Energy Algeria (NEAL), la joint-venture entre Sonatrach, Sonelgaz et le privé SIM en charge des énergies renouvelables, n'est impliqué dans aucun des projets importants inscrits au programme des énergies renouvelable. Sa dissolution est alors purement et simplement envisagée dans les couloirs du ministère de l'Energie à Alger. Les autres projets de centrales solaires après Hassi R'mel, dont NEAL est maître d'ouvrage, ont déjà pris un gros retard.
La rumeur enfle depuis plusieurs mois. Elle devient plus tangible dans la bouche d'un responsable dans le secteur de l'énergie qui le confirme cette semaine à Maghrebemergent : «NEAL est menacé de dissolution si aucune solution n'est trouvée à son positionnement dans le programme des énergies renouvelables» en Algérie. La joint-venture entre Sonatrach, Sonelgaz et SIM dédiée aux nouvelles énergies créée en juillet 2002 est le premier acteur pur du renouvelable lancé au Maghreb. Elle pourrait paradoxalement disparaître au moment où l'Algérie a lancé en 2011 un programme des énergies renouvelables de 22 000 MW de capacité installées entre 2011 et 2030 dont 10 000 MW (45%). «NEAL a bien démarré. Mais elle a ensuite buté sur le manque d'ambitions fortes du ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil pour la filière du renouvelable», rappelle un directeur à Sonatrach. «Aujourd'hui, l'équipe de Yousfi considère NEAL comme un héritage inutile de l'époque Khelil et lui a enlevé les uns après les autres ses domaines d'intervention et ses plans de charge». Dernière affectation battue en brèche, celle de s'occuper du programme national du chauffage solaire. Elle a été ensuite redonnée à GTT. C'était en fait le dernier vrai plan de charge laissé à NEAL. La joint-venture avait à ses débuts fixé dans ses objectifs une dizaine de lignes de projets cumulant les centrales CSP, le développement de la filière photovoltaïque (PV) ou encore la commercialisation de l'électricité en Algérie et à l'étranger.
«SEUL UN PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE…»
La mise en veilleuse de NEAL s'est manifestée dès l'arrivée de Youcef Yousfi à la tête du secteur de l'énergie avec la désignation de Sonelgaz comme acteur majeur du futur programme du CSP. Une réorientation ouvertement critiquée par Tewfik Hasni, père fondateur de NEAL, pour qui le renouvelable a besoin d'un acteur nouveau et réactif, «seul un partenariat public-privé où le privé joue le rôle de la locomotive peut permettre de faire face à la vitesse des changements dans le secteur des énergies renouvelables. Avec des acteurs publics qui en plus ont d'autres métiers que le renouvelable, ce n'est franchement pas jouable». Pour l'ancien vice-président à Sonatrach, une entreprise privée algérienne ne pourra jamais faire les acquisitions nécessaires d'actifs et de brevets à l'international dans les délais que nécessite l'apparition d'une opportunité de marché. «Le programme est déjà en train d'aller dans le mur avec des acteurs inadaptés», ajoute-t-il. Une première alerte aura été la mise à l'écart de NEAL des deux projets de centrales solaires, l'une hybride à Meghaïr, l'autre entièrement solaire à Nâama, dont les livraisons sont prévues en 2014 et 2016. NEAL a pourtant produit la principale étude sur la faisabilité de ces projets. La direction de NEAL n'a pas pu être jointe en ce mois de congé pour commenter cette menace qui s'est précisée sur son avenir. L'actionnaire privé dans le tour de table, l'homme affaires Abdelkader Taieb-Ezzraimi, patron du groupe SIM, détient 10% du capital et ne peut pas infléchir cette tendance mortifère pour le rôle de NEAL dans le plan énergie renouvelable de l'Algérie.
«PLUS DE VIS-A-VIS TECHNIQUE FACE A ABENER»
L'accumulation d'expérience au sein de NEAL paraissait pourtant un atout évident pour en faire le pivot d'une partie au moins du programme algérien des énergies renouvelable. NEAL a notamment été le maître d'ouvrage de la centrale hybride de Hassi R'mel inaugurée le 14 juillet 2011 et qui fournit 20 MW de puissance en mode solaire sur ses 150 MW. L'une des conséquences de sa disgrâce dans le secteur est qu'il n'existe plus de vis-à-vis technique aux Espagnols d'Abener qui détiennent 51% de la centrale hybride. «Il n'y a plus personne pour recueillir le retour d'expérience à Hassi R'mel et capitaliser le savoir-faire dans la filière du CSP» (solaire concentré), s'alarme Tewfik Hasni. Au ministère de l'Energie, la critique faite à ce projet de Hassi R'mel est qu'il ne peut pas être dupliqué ailleurs pour d'autres centrales solaires (CSP). Un rapport du bureau d'expert de la commission économique pour l'Afrique des Nations unies précise que le modèle de la centrale hybride de Hassi R'mel a bénéficié d'un prix du kW/h garanti avantageux grâce à Sonatrach, client du projet. «Un modèle difficile à reproduire ailleurs en Algérie». Le même rapport indique que le CSP est la filière technologique qui va dominer la production de l'électricité d'origine solaire en Afrique du Nord dans les 15 prochaines années. Le CSP était bien devenu le premier métier de NEAL.


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