Algérie

Ne tuez pas la messagère



Ne tuez pas la messagère
À l'approche de la date fatidique (pourquoi fatidique ') du 17 avril, il y a comme de l'énervement dans l'air, surtout celui que respirent ceux qui font de la politique. En tant qu'acteurs, vrais ou supposés, ou en leur qualité de «bendiristes» attitrés. Le dernier exemple en date est celui de Louisa Hanoune, que plus personne n'appelle La Pasionaria et qui a eu le malheur de rendre public, il y a tout juste deux jours, son rendez-vous d'audience avec le chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale. Bien que la Dame ait pris soin de préciser que sa demande d'audience avec le général de corps d'armée Gaïd Salah remontait à septembre 2013, rien n'y fit : un homme politique, pardon une femme qui fait de la politique, en ce moment précis, chez un général, c'est forcément louche, «fiha inna». Décidément, cette façon de tuer le messager avant qu'il ait délivré le contenu de son pli prouve bien que la prochaine élection présidentielle est en train de mettre à rude épreuve les nerfs. De qui ' De ceux qui la font et défont, de ceux qui profitent de son aubaine pour montrer qu'ils existent, de ceux -les pauvres- dont c'est le métier d'en fournir grille de lecture à ceux qui lisent les journaux, de ceux qui reviennent par la fenêtre quand ils sont évacués par la porte, des marchands de légumes qui, sans être de grosses légumes, ont fait acte de candidature pour diriger le pays...Bref, de tous ceux qui, de bonne foi ou pour une petite part du gâteau, ont décidé de rejoindre la Cour des miracles.Bon, mais cela n'explique pas encore pourquoi la porte-parole du Parti des Travailleurs, «Akkavar Ikheddamen», s'est heurtée aussitôt à des quolibets, des sous-entendus moqueurs et accusateurs, voire un déni de rencontrer souverainement qui elle veut, quand elle veut, où elle veut. C'est sa liberté d'action qui lui est contestée, alors même qu'elle en a fait l'annonce dans une conférence de presse qui en appelle logiquement et nécessairement une autre, celle où elle rendra compte du contenu de sa conversation avec le vice-ministre de la Défense nationale. En attendant que la visiteuse des Tagarins éclaire notre lanterne, rien n'interdit à personne de supputer, supposer, imaginer ce qu'ont bien pu se dire les deux interlocuteurs.Projeté malgré lui dans le champ politique, on voit mal le général, surtout si, a fortiori il est mandaté par le Président pour la briefer, lui faire le point sur la professionnalisation des forces armées ou le renouvellement de leur flotte aérienne. Il serait alors plus juste de dire de la rencontre de jeudi entre Louisa Hanoune et le général qu'elle a été celle de deux messagers, la première pour le compte des citoyens qu'il a lui à c?ur d'informer en l'absence de prise de parole de Bouteflika, le second n'ayant accordé l'audience qu'après le feu vert de son chef direct et dont il pourrait avoir lui aussi un message à transmettre.Ce n'est qu'un scénario de science-fiction, imaginons un seul instant que la porte-parole du PT revienne des Tagarins lourdement chargée d'une annonce qui lèvera définitivement le suspens sur la candidature, la seule, la plus controversée, souhaitée jusqu'au délire par certains et combattue avec l'énergie du désespoir par d'autres. Ne la bridons pas, cette imagination, n'excluons pas que ce message puisse être celui d'un renoncement. Dans ce cas, celle qui était brûlée hier gagnera en crédibilité et respectabilité et pourrait même retrouver son titre de Pasionaria. Benflis se verrait définitivement installé à El Mouradia et d'innombrables mains ne sauraient plus sur quel «Bendir» taper. L'autre cas de figure est difficilement concevable. Louisa Hanoune était très accommodante vis-à-vis du président sortant, mais très critique contre ses soutiens. Et si le message qu'elle délivre est celui de la continuité, alors elle se retrouverait de facto dans le camp de l'orchestre des «bendiristes» qu'elle n'a eu de cesse de pourfendre. Eh oui, c'est comme ça, il est des métiers qu'il est extrêmement difficile d'exercer en certaines circonstances.A. S.




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