Algérie

Ne sommes-nous pas un peu semblables aux moutons '!



«Ne sommes-nous pas un peu semblables aux moutons '... Nous fuyons celui qui, simplement nous dérange, pour courir dans les bras de celui qui nous tond et qui nous mange », disait je ne sais quel bel esprit éclairé. Assurément, tous les Algériens ne sont pas des moutons. Mais tous les moutons ne sont pas les seuls à être sacrifiés sur l'autel d'une fête frelatée. Détournée. Avariée. Jusque dans son sens le plus profond. Ses enseignements détournés. Sa joie pillée. Son atmosphère empoisonnée. Son espoir confisqué. Son argent dilapidé. Et ce sont justement les gens humbles ou de condition modeste, plus que les nantis, qui accordent un plus grand intérêt à l'accomplissement du rite d'Abraham, qui à se mettre une ardoise sur le dos pour les douze mois suivants, voire plus... Sous un ciel moutonné, les moutons... noirs n'ont pas eu droit à la fête. Les quartiers plantureux consignés. La lumière des villes sans le « morceau » coupée. C'est que le plus anobli des ovins a négocié sa peau jusqu'à sept fois le SMIG. Un vrai-faux bienfaiteur a même fait don d'une cinquantaine de bêtes laineuses, en exigent 500 dinars à chacun des (mal) heureux élus pour payer les frais de transport.Le Pantagruel des temps honnis voulait se payer un melfouf « sucré-salé » sur le dos des moutons de Panurge. Et Rabelais a éternué dans sa tombe. Dans un douar « brûlant » sous la pauvreté, un seul mouton a été immolé. Et la viande servie une seule fois/an, le jour de l'Aïd.
Pour ne pas sacrifier tous les villageois. Leur chef en premier. Et du rite sacrificiel, naquit la race des ovinés. Et les hommes à la peau tondue. Les béliers castrés.
Les brebis violées. Et les agneaux nés à côté des chaussures piégées du berger gerbant tout son soûl de ses terres brûlées. A Z'dama, une bête encornée s'est balancée du cinquième étage. Et avec elle, les gros sous troués de son col blanc ruiné. Un message de condoléances a même été expédié dans une bouteille jetée à la mer à BB, si catastrophée pour l'animal suicidé.
Mais le plus moutonneux...des moutons est un maquignon costumé, aux poches cousues de fil blanc et la gueule grosse comme un hold-up. Contre des sacs empilés d'argent, à l'odeur fétide de méchoui mal cuit, cinq millions de moutons ont été sacrifiés. Envers et contre la bébête du Covid-19 qui sera toujours là, le jour d'après. Sous l'?il affûté comme un rasoir des Algériens désargentés.
En attendant que le calendrier continue sa marche victorieuse vers l'Aïd prochain. Entre temps, avant même les futurs moutons, beaucoup, parmi le peuple profond, auront été sacrifiés sur les tessons d'un pays qui ne mûrit plus. Les Algériens n'aiment pas penser à demain, ils veulent vivre et mourir demain. D'autres auront, peut-être, envie de se pendre après avoir goûté, jusqu'à la nausée, à la sauce immangeable politico-politicienne, proposée par le cuistot en chef. Et c'est alors que vint l'ère redoutée des moutons cannibales. Le placide animal s'est mis à dévorer de l'homme et jeter ses restes aux squales affamés.


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