Ne Se nourrir que par ce que l'on produit

Enorme et pesante couronne sur la tête du monde, l'inflation est sur toutes les bouches. Chacun y va avec ses explications et ses approches commentées pour en démontrer les causes et des analystes des plus émérites se perdent dans des justifications politiques et économiques trop classiques et trop générales pour en définir les origines. Pêle-mêle, tout y est, la pandémie, le réchauffement climatique, la guerre en Ukraine pour tenter d'apporter des éclairages sur une économie mondiale qui va à vau-l'eau.Certains, à juste raison, mettent le doigt sur une plaie inguérissable pour dénoncer un phénomène courant qui n'a pas attendu la bourrasque multiforme embrasant l'économie mondiale et mettre en exergue l'aiguisement de l'opportunisme d'acteurs économiques mondiaux. On ne peut, en effet, ne pas percevoir dans le charivari économique actuel le libre cours de la rétention des produits de consommation courante à sa base la spéculation.
L'augmentation spectaculaire des coûts de transports internationaux n'a attendu ni la pandémie ni la guerre en Ukraine pour bousculer l'ancien ordre établi. La valeur des conteneurs a été multipliée par dix sans raison objective et il n'est pas certain que celle de l'énergie soit en cause. A elle seule, cette donnée a eu l'effet d'un séisme dans le commerce mondial avec des conséquences multiples et perverses sur le marché international. Des produits courants ont été mis à l'ombre et des Etats ont adhéré à la man?uvre pour dérouter les circuits d'échanges commerciaux habituels.
Alors, face à la pointe du nez d'une phénoménale disette mondiale, il était normal que le mot d'ordre général soit le pouvoir d'achat. Coincés, tous les pouvoirs politiques sans exception, pris en étau entre le manque de ressources et les réclamations de leurs populations se rendent compte impuissants que la charrue a été mise avant les b?ufs.
Finalement, il devient évident que, par son élargissement outrancier, la civilisation de la consommation a un coût monstrueux et que la grande leçon à tirer est qu'un pays ne doit se nourrir que de ce qu'il produit.