Algérie

Ne pas se mentir


Il n'y a rien de beau dans l'émeute. Tout y est hideux etinjuste. Ce qui s'est passé à Oran est totalement condamnable.Sous tous ses aspects. Le sport de masse débordant l'émeutede masse et une ville totalement secouée qui ne comprend pas qu'elle pouvaitcontenir tant de violences. Une ville qui se met à regarder ses enfantsautrement. Des dangers pour eux-mêmes, des dangers pour les autres. Il n'y a eneffet rien de beau dans l'émeute, dans le mouvement fou de la foule.On sait que les jeunes se plaignent de la hogra, de désoeuvrement, de l'injustice. Mais dans l'espritaveugle de la foule et de l'émeute, comment ne pas constater, par mille et unfaits, qu'ils commettent des injustices à l'égard des autres. Comment en arrive-t-onà ces extrémités où de paisibles gens sont pris à partie par des jeunes enfurie contre tout. Le football n'est qu'un prétexte. Un de plus.Ce qu'il ne faut pas occulter est que le pays n'arrivetoujours pas à trouver les moyens d'éviter que la violence devienne une sortede premier recours. Les émeutiers sont condamnables car ils ne construisent pasmais détruisent. Mais il serait trop facile de s'arrêter à ces jugements et derésoudre le problème en décrétant que tous les casseurs ne sont que des voyous.Ce serait se mentir. Les Oranais, comme les habitants d'autres villes oud'autres localités, savent que lors des émeutes, ce sont des jeunes ordinaires,bien sous tous rapports, qui basculent. Il s'agit bien d'enfants algériens, lesnôtres. Cela devrait être suffisant pour nous éviter ces conclusions sommairesqui donnent une fausse tranquillité. Or, si l'on évite de se casser la tête etde poser les questions, il y aura d'autres casses, d'autres violences, d'autreshogras.On s'est accommodé depuis des années un peu trop légèrementà ce que les jacqueries et les émeutes ne soient lues que sous l'angle de lapréservation de l'ordre public. C'est un aspect important, l'Etat a laresponsabilité d'assurer l'ordre public et depréserver les biens et les personnes. Ce n'est pourtant qu'un aspect. Ce quipose problème, c'est qu'on a semblé insensible aux signaux de détresse et decolère envoyés par une jeunesse qui a des problèmes et qui est le problèmenuméro un du pays.Pourquoi ce qui semble si évident aux citoyens ne l'est-ilpas pour les gouvernants ? La réponse, on la connaît bien et presque personnen'ose plus la redire, par lassitude, par fatigue: nous avons un système fermésur lui-même, qui fonctionne pour lui-même et qui est convaincu qu'il fait pourle mieux. C'est cet enfermement, qui confine souvent à l'autosatisfaction, quine permet plus aux hommes qui gouvernent de combler la distance béante quiexiste entre l'Etat et la société réelle, celle qui trime, comme celle quiaccumule les frustrations.C'est cet enfermement, avec une scène politique fictive etsans acteurs véritables, qui pose problème depuis des années. On ne socialiseplus, on ne crée plus de liens. Les jeunes n'ont même plus de langage pourformuler un projet. Mais ce sont des jeunes pleins d'une énergie qui, comme untorrent, trouvera, à défaut d'être canalisée pour leur propre bien et celui dupays, d'autres voies pour se déverser. Il n'y a rien de beau dans les émeutesdes jeunes. Mais derrière cette laideur, il y a trop de questions graves pourne pas, encore une fois, s'arrêter aux simples lectures de surface.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)