Le régime n'a pas pour habitude de s'embarrasser de normes quand il s'agit de se faire réélire. Mais la campagne pour le quatrième mandat aura nécessité d'inédites combines. Comme cette histoire de Premier ministre par intérim. Un Premier ministre quitte, officiellement, son poste pour trois semaines, le temps de faire campagne, pour ensuite le réintégrer. Tout cela pour coordonner le travail des ministres qui, eux, sont en campagne !C'est pour cela, peut-être, que Yousfi, n'arrivant pas à se mettre dans la peau d'un Premier ministre qu'il sait ne pas être, continue de penser en ministre de l'Energie. Ainsi, a-t-il tenu, avant-hier, à la 18e Journée de l'énergie, des propos criants de bon sens et de vérité : les Algériens paient l'énergie à un prix "défiant toute concurrence" ; l'Algérie a dépensé, en 2013, quarante milliards de dollars en énergie et, d'ici 2030, la facture aura doublé. Et de conclure : "L'actuelle tarification ne pourra pas durer éternellement" et "les prix seront graduellement augmentés, en fonction de la hausse du pouvoir d'achat du citoyen".Il n'en fallait pas plus pour qu'il se voie contraint de se dédire et de s'envoyer un démenti à partir de... son ministère. Même si le communiqué fait le choix facile de se défausser sur les journalistes, le désaveu est net : "Contrairement à des allégations rapportées par certains organes de presse, le ministre de l'Energie et des Mines confirme qu'il n'y a pas de projet d'augmentation des tarifs de l'électricité, du gaz naturel et des carburants."Il n'a pourtant exprimé que des lapalissades. Des vérités dont il a même minimisé les effets : au rythme actuel de croissance, la consommation doublera bien avant 2030, voire avant 2025. Et il a bien pris la précaution de prédire que l'augmentation serait indexée à l'évolution du niveau de vie des Algériens.En fait, le tort de Yousfi aura été de prononcer un "gros mot" en pleine campagne électorale : l'inéluctabilité de la réévaluation des prix à la consommation de l'énergie (électricité et carburants). Et il s'en est tenu à ce qui le concerne. Car la nécessité s'imposera aussi de relever les tarifs d'autres produits subventionnés. "Ouach eddak '" Qu'est-ce qui vous a pris, Monsieur le Premier ministre, de parler d'augmentation des prix et de 2030 ' L'horizon de la campagne, c'est... moins d'une année ! Les logements AADL 2001, c'est pour début mai ; les logements sociaux, pour avant juin ; la nouvelle Constitution, pour avant la fin de l'année ! Pourquoi encombrer une campagne électorale d'appréhensions et de projections ' "À long terme, nous serons tous morts" ; après tout, c'est le grand Keynes qui l'a dit. Même 2015, c'est de la prévision astrale !Ce n'est pas digne de la campagne qu'un ministre s'oublie ainsi et se mette à s'inquiéter... à haute voix. On va devoir demander à Daoudi de rassurer. Depuis le temps que Mentouri a été démis de la présidence du Cnes, tout le monde aurait dû intégrer que le vrai discours officiel ne peut être le discours du vrai. Et cela, les leaders d'instances "indépendantes", comme Hamiani et Sidi-Saïd, l'ont bien compris !Jusqu'à nouvel ordre, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'ordre en place se soit confirmé, il est interdit d'inquiéter ou de s'inquiéter. Nous devons tous faire le constat ahuri de Khaled : "Bouteflika a rendu le pays heureux."M. H.musthammouche@yahoo.frNomAdresse email
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Posté Le : 10/04/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha Hammouche
Source : www.liberte-algerie.com