Algérie

NE PAS OUVRIR LA BOITE DE PANDORE



L'Afrique de l'Ouest a décidé jeudi 26 avril d'envoyer des forces militaires au Mali pour aider à «sécuriser les organes de la transition et le gouvernement intérimaire» de Bamako et de «parer à toute éventualité dans l'hypothèse de l'usage de la force pour le recouvrement de l'intégrité territoriale du Mali». Le président de la commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo, fait bien de parler d'hypothèse.
L'envoi de troupes au nord du Mali où différents groupes de rébellion ont littéralement expulsé l'Etat malien paraît très improbable dans l'immédiat. Sans compter qu'une opération militaire souderait les différents groupes et susciterait des réflexes de solidarité chez les Targuis des autres pays de la région. Ce n'est assurément pas la meilleure des options. Mohamed Anoko, un des dirigeants de la première rébellion targuie du Niger (91-95), lance un avertissement clair aux dirigeants de son pays (qui est membre de la Cédéao). L'usage de la force va «encourager les mouvements indépendantistes», «provoquer des désordres» qui concerneront le Niger et cela profitera à Aqmi. C'est une possibilité. Elle commande un effort politique sérieux pour prendre en charge les revendications légitimes des Targuis sans ouvrir la boîte de Pandore d'une remise en cause du principe, déjà écorné, de l'intangibilité des frontières.
Il y a des signes qui ne trompent pas. En quelques semaines, le dernier-né des groupes armés au nord du Mali, le Front national de libération de l'Azawad (FNLA), formé par les Arabes du nord-ouest du Mali, a pris position dans la ville de Tombouctou. Un déploiement de forces remarqué qui montre qu'un chamboulement trop radical des équilibres pousse à des regroupements armés sur des bases éthiques. La consécration de la partition du Mali ne donnera pas naissance à un Etat azawad dont la reconnaissance paraît plus que jamais improbable. Mais elle donnera plus certainement à une situation de guerre civile, laquelle n'apportera rien de bon, ni pour les Touareg, ni pour les autres communautés. Elle profitera aux groupes intrus dans la région qu'ils soient des «djihadistes» ou non. Le cadre malien - celui qui est reconnu internationalement et protégé par la règle de l'intangibilité des frontières - doit être préservé. Mais des réformes, profondes et sérieuses, doivent y être introduites pour répondre aux revendications légitimes des Targuis en matière de développement, de participation et de reconnaissance.
L'effort politique passe par des négociations et il doit se concentrer sur ces aspects avec leur implication en matière de refonte de l'Etat malien. Il faut donc discuter avec la rébellion targuie avec l'objectif de trouver une solution et non pas avec l'idée de se préparer à lui faire la guerre. Plusieurs dirigeants targuis ont pris conscience que la présence des groupes djihadistes est nuisible à leur cause. Cette présence est devenue une raison supplémentaire d'un refus de reconnaissance d'une partition du Mali. Il faut que les choses se règlent sérieusement à Bamako, où les putschistes présumés «ex» continuent de mener un jeu trouble. C'est un préalable pour engager des discussions destinées à trouver une issue politiquement satisfaite qui permet de préserver l'intégrité du territoire malien, de satisfaire aux exigences légitimes des Targuis et d'isoler les intrus qu'ils soient terroristes ou trafiquants ou les deux à la fois. A l'évidence, cela ne pourra pas se faire sans l'appui des Etats de la région dont celui de l'Algérie.




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