Ne compter que sur soi-même

On était loin de présager qu'une crise économique même aussi forte que celle que subit aujourd'hui le monde pouvait produire un si vaste déphasage du commerce mondial au point d'engager certains gouvernements à des penchants à la limite du surréalisme.L'inattendu déroutant est venu ces derniers jours des autorités françaises qui face à la flambée des prix des carburants n'ont pas trouvé mieux que de demander aux distributeurs de vendre à perte leurs produits énergétiques.
Au fil des jours, la recommandation gouvernementale s'est évaporée en cours de route. Il convenait d'avance qu'une semblable instruction ressemblait à un gag en contradiction totale avec la base essentielle de l'activité commerciale. Les commerçants ciblés ont dû rire sous cape et se demander quel génie économique déréglé a abouti à ce v?u pieux, plutôt que de s'adresser aux grands trusts de la production.
Bien qu'elle se prête à l'ironie, l'affaire n'est pas aussi simple qu'elle le paraît. Le renchérissement des prix de l'énergie à la source est à l'origine du problème. Les pays producteurs d'énergie défendent légitimement leurs intérêts pour prémunir leurs populations contre les affres multiformes d'une crise économique qui n'a épargné aucun secteur. Aucun pays n'a échappé à l'enfer de l'inflation et chacun a été mis dans l'obligation de s'adapter avec ses moyens de bord pour atténuer les secousses sociales et politiques qu'elle a engendrées. Aucun non plus ne l'a fait avec bonheur ni avec gaité de c?ur. Les lots des licenciements, des suppressions d'emplois, des faillites se comptent par millions à travers tous les continents. Jusqu'à ne plus laisser au monde productif et commercial que son dramatique apparat formel.
Des Etats producteurs de pétrole, comme l'Algérie en l'occurrence, connaissent parfaitement l'adage du serpent qui se mord la queue et la réalité des effets boomerang sur le plan économique.
Dans l'état actuel de la situation économique mondiale sérieusement alambiquée, il ne lui restait que l'impératif de ne compter que sur elle-même et d'éviter tant qu'elle peut la fatalité des morsures.