Algérie

Nayl le nom



Le nom patronymique est celui du père, ainsi est-il d’usage, avant que la notion de tribu n’ait commencé à perdre de ses lueurs. Le colonialisme français substitua le nom d’usage par un autre nom patronymique, celui de la famille ; et ça continu. Pour l’un et l’autre, c’est le lignage paternel qui justifie ces usages, mais surtout la désignation officielle d’une personne dans sa vie sociale et juridique.
On peut substituer au nom officiel un nom d’usage qui peut être un sobriquet pour s’en affubler, un surnom pour magnifier ou dénigrer selon l’humeur, ou emprunter de l’imagination une métonymie. Et c’est la force de l’usage qui en fait un nom d’usage.

D’où est venu le nom Nayl ? C’est ce qui m’intéresse dans ce post.

Dans « Lissan el-Âarab », Na’ala, c’est marcher en faisant remuer la tête de bas en haut. Ce mot n’est plus en grand usage et les dérivations morphologiques ne vont pas à Na’il. L’autre verbe Naala, veut dire obtenir ou recevoir quelque chose. Naa’il, c’est celui qui reçoit, obtient, quelque chose. Ce quelque chose peut être la baraka d’un vénérable Cheikh, d’un saint.

Dans le livre « el-Asnam » d’el-Harith ibn el-Ozza el-Kufi, « les livres des idoles de l’Arabie antéislamique », on y raconte ceci : « Issaf et Naa’ila, homme et femme de Djurhum tribu du Yémen, sont venus en pèlerinage à la Mecque. Ils entrèrent à la Kaaba, ils s’y retrouvèrent tous seuls, et ils se prêtèrent à l’illicite. Et ainsi ils s’y transformèrent en pierres »

Dans plus d’un livre de l’exégèse Coranique, Issaf et Naa’ila sont deux idoles que l’on retrouve à l’intérieur de la Kaaba dans les périodes antéislamiques.

En post et antéislamique des femmes se sont appelées Naa’ila ou Oum Naa’ila ; des hommes, Na’il, Abu Na’il ou Abu Na’ila. Je vous renvoie en particulier aux livres « Assad el-Ghaba fi Maâ’rifat es-Sahaba » d’ibn el-Athir, dans la partie dédiée aux surnoms des compagnons du prophôte ; et au livre « et-Tabaqat el-Kubra » de Abu abdAllah ibn Saâ’d, dans la partie consacrée aux appellations des femmes. Je ne dois pas oublier ici qu’une des femmes, d’ Othman ibn Affan thi Nurayn, est appelée Naa’ila bint el-Farafissa.

Ailleurs, dans le fameux livre de l’histoire universelle d’ibn Khaldun, Naa’il est cité dans deux endroits. Dans la partie dédiée à la tribu Madyuna, une tribu bebère, où l’on parle d’un certain Abi el-Âafya ibn Abi Naa’il ibn ed-Dhahhak ibn Abi Yazul. Je dirais, en guise d’intermède, que le nom de la ville d’el-Media, à quelque 200 km au nord de Djelfa, vient du nom de la tribu berbère Madyuna. L’autre Naa’il cité par ibn Khaldun est faite dans la partie dédiée au Banu Hissn, l’une des fractions des Banu Hilal. Il se trouve que Banu Naa’il (en-Nawa’il, appelé ainsi par ibn Khaldun) sont une fraction des Banu Hissn.

Les Ouled Nayl, ne seraient-ils les descendants des Banu Naa’il ? Cette interrogation toute légitime, je ne la trouve dans aucun livre qui traite des Banu Nayl.


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