Algérie

Nawal Sadaoui à Alger



Parmi les nombreuses réactions des Algériens sur le net à la mort de Nawal Sadaoui, il y en a une qui attire particulièrement l'attention. Elle émane d'un Algérien surpris que la célèbre militante égyptienne des droits des femmes et icône du féminisme dans le « monde arabe » soit aussi connue dans notre pays, en se basant évidemment uniquement sur ce que l'événement de son décès a suscité comme commentaires. On ne sait pas si son étonnement est fondé, tant il est impossible d'évaluer le niveau de popularité de Nawal Sadaoui dans un pays où il est déjà problématique de mesurer des données beaucoup plus simples, comme la consommation d'un produit ou une habitude de la vie quotidienne. Mais on sait que sa « surprise » a un sens, un peu comme une « question » qui a tout d'un... commentaire. Et la question, plutôt le commentaire, il n'est pas bien compliqué de la trouver, elle est à portée de main : qu'est-ce qui ferait donc que le parcours d'une femme d'exception, quand bien même elle serait « arabe » et « musulmane », intéresse le « grand public » d'un pays qui n'a pas la réputation d'être à l'avant-garde de l'émancipation de la femme ' Par quel miracle une femme qui en incarne justement le combat et la philosophie de la vie devienne un centre d'intérêt pour un « public » dont le moins qu'on puisse dire est qu'il a d'autres... valeurs et d'autres référents, forgés dans ses pesanteurs sociologiques puis poussés dans les abysses par la régression mortelle des dernières décennies ' Parce que c'est notre compatriote de la toile, sa surprise orientée non sans pertinence qui est réaliste, qui est dans la vraie vie. Ici, les Egyptiennes et les Egyptiens de référence sont loin de l'univers de Madame Sadaoui. Les Egyptiens modèles, les Algériens n'ont pas eu à les chercher, on les a trouvés pour eux. Chez les danseuses du ventre converties au tchador, chez les courageux tueurs de coptes, chez les imams qui fournissent le mode d'emploi idéal pour battre sa femme... et dans le meilleur des cas chez Aboutrika. Quant à Nawal Sadaoui, son parcours, son combat, le symbole qu'elle représente et les projections qu'elle suggère, ils ont été abandonnés au Caire, ils ne peuvent plus parvenir à Alger. Encore heureux qu'il y ait la toile. Sinon, ce n'est même pas plus évident qu'on apprenne sa disparition.S. L.


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