Le transport, le secteur de tous les maux à Oran. La wilaya qui compte
plus d'un million d'habitants et qui a connu, ces dernières années,
une extension vers
l'est, la création de nouvelles cités, la construction de nouvelles routes et
un exode important des habitants de la ville vers les localités limitrophes, a
toujours été mal transportée.
Du point de vue de la circulation, du stationnement, d'exploitation des
lignes urbaines et rurales, Oran n'a pas encore adopté le modèle adapté à ses
besoins et son statut en tant que 2ème ville du pays. Le transport reste le
sujet quotidien des usagers vu sa complexité et son importance en même temps. On
n'entend que des critiques, jamais des éloges pour ce secteur qui voit grand
avec la réalisation du tramway mais qui se fait tout petit devant l'anarchie et
la désorganisation qui ne finit pas de le gangréner. Qui
est responsable de ce désastre ? La première institution pointée du doigt est
la direction des transports bien que d'autres acteurs tels que les communes, la
sûreté et les travaux publics sont partie prenante
dans cette pyramide, conçue pour organiser le secteur.
On se renvoie la balle
Sur l'état des routes, le non respect de la réglementation, l'insécurité
dans les lignes et le déficit enregistré dans le transport en commun, on se
renvoie la balle entre les différents services. Le citoyen se sent toujours
victime de la défaillance de responsables dans ce domaine et ne trouve comme
moyen de dénoncer cet état de fait que par les critiques et parfois des injures
et des disputes éclatées entre usagers ou avec les receveurs ou les chauffeurs
de bus. Pourtant, il est le dernier maillon de la chaîne et indissociable de la
pyramide. L'usager se défend soulignant qu'il est humilié et méprisé
quotidiennement par les receveurs et les chauffeurs car il suffit d'un mot de
trop pour que la situation dégénère dans un bus, il considère que faire preuve
de civisme dans cette «jungle» serait mal placé.
Alors comment remettre ce secteur sur rail et laisser le citoyen caresser
le rêve d'un trafic fluide et bien organisé, de routes bien bitumées, d'un
stationnement régularisé et d'un respect du code de la route rigoureux ? C'est
la question qui reste posée. Tout le monde parle de la fameuse phrase «il y a
beaucoup de choses à revoir» mais qui met la main dans la pâte pour redresser
la situation ? Il ne suffit pas de dénoncer mais de faire un diagnostic et
trouver les solutions à un problème donné. Chose qui n'est pas encore palpable
sur le terrain du moins pour le moment.
Pour les professionnels du
transport, l'avenir du secteur n'est pas clair. Le projet du tramway a faussé
tous les calculs des opérateurs et nombreux sont ceux qui vont mettre la clé
sous le paillasson une fois ce chantier terminé. «Avec 6.500 taxieurs et 2.600 opérateurs et l'arrivée du tramway, nous
ne savons pas où tout cela va mener», nous dira le représentant du syndicat de
transport de voyageurs et de marchandises (SNTT). Selon ses estimations, 70%
des transporteurs vont déclarer faillite avec la mise en circulation du tram
qui compte 5.000 places. Faire des prévisions dans le secteur, cela s'avère
difficile pour le moment, souligne notre interlocuteur, du fait que le plan de
transport est inexistant et la commission technique n'a pas été en mesure
d'élaborer une étude avec une vision claire sur le secteur. Ce syndicat
n'hésite pas à afficher son pessimisme et exprimer une inquiétude sur le sort
qui sera réservé à tous les professionnels au moment où les portes sont grandes
ouvertes à l'investissement dans le transport.
Et le plan de circulation ?
Oran n'a pas encore son plan de circulation. Toute la campagne, tambour
battant, menée, il y a quelques années, pour l'élaboration de ce plan n'a pas
abouti après le rejet par la commission de wilaya d'une première étude. Actuellement,
l'opération est relancée de nouveau. La direction des transports d'Oran a
décidé de tout effacer et recommencer la procédure en lançant un avis d'appel
d'offres national, cette fois-ci, pour la concrétisation de cette étude. Deux
avis d'appel d'offres ont déjà été lancés et qui ont été infructueux car
n'ayant pas attiré un nombre suffisant de soumissionnaires. La direction des
transports s'apprête donc à lancer un 3ème avis d'appel d'offres pour le plan
de circulation de l'agglomération d'Oran avec un nouveau cahier des charges. Dans
le cas où cette opération n'aboutit pas, «nous passerons au gré à gré», a
affirmé le directeur des transports. En parallèle avec cette action, la
direction compte également réaliser, pour la première fois, le plan de
déplacement urbain pour le groupement d'Oran. Un plan qui prend en
considération le projet du tramway, actuellement en chantier qui prendra en
compte tous les accès et points noirs du réseau de transport, le stationnement,
la réglementation, le réseau bus et la logistique urbaine comprenant la
circulation des poids lourds et les lignes urbaines. Un comité sera créé dans
les prochains jours, par arrêté du wali, pour l'élaboration de cette étude. A
travers ce plan de déplacement, la direction des transports compte réorganiser
le transport au niveau du groupement d'Oran qui a connu une extension, ces
dernières années, et inciter, par conséquent, les pouvoirs publics à revoir
tout le transport de cette wilaya.
Des mesures pour certaines lignes
En attendant la concrétisation de ce projet, la direction des transports
a pris des mesures pour alléger la pression sur certaines lignes. Plusieurs
lignes ont été renforcées par deux ou trois bus avec une prolongation des
horaires de transport en commun jusqu'à minuit au lieu de 23h durant ce mois de
Ramadhan. En effet, les lignes 37, 41, 29, 34, 11, 59 ainsi que les lignes Boutlélis, El Braya, Es-Senia-El
Kerma, Les Castor-Oued Tlélat
et Aïn El Turck-El Ançor ont été renforcées. Quant à l'entreprise de transport
d'Oran (ETO), elle compte actuellement 26 bus pour les différentes dessertes. Malgré
ce supplément de véhicules injectés dans le secteur, l'usager citoyen ne
ressent toujours pas une amélioration. La bousculade, le non respect des
itinéraires, les disputes et le mépris de l'usager font partie du décor
quotidien de la ville. Une ville qui grouille de véhicules de transport en
commun et qui n'arrive pas à satisfaire les besoins de la population en matière
de transport.
La ligne Oran-Boutlélis scindée en deux
Pour régler le problème de transport
qui se pose avec acuité dans la localité de Misserghine,
la direction des transports a décidé de scinder la ligne Oran-Boutlélis
en deux et partager les 80 opérateurs exploitant cette desserte entre les deux.
La localité de Misserghine qui était jusqu'à présent
qu'un passage pour aller à Boutlélis, sera avec cette
nouvelle mesure qui sera appliquée après le mois de Ramadhan, une ligne à part
entière avec un arrêt principal et un terminus. Les habitants de cette localité
qui souffrent actuellement de la difficulté du transport et le diktat des
transporteurs car l'escale à Misserghine se fait
selon les humeurs des chauffeurs de bus et des receveurs, auront une desserte
propre à cette commune. Selon le directeur des transports, les opérateurs vont
bénéficier, pour activer sur ces deux lignes, de nouvelles autorisations
d'exploitation. Les usagers ne seront plus obligés de s'arrêter aux Amandiers
pour reprendre une autre correspondance à destination de la ville. Ils auront
une ligne directe Oran-Misserghine.
Saturation inévitable ?
Après le gel de plusieurs années des dossiers au niveau des différents
dispositifs de l'emploi de jeunes pour investir dans le transport, le secteur
est maintenant ouvert aux investisseurs avec l'ouverture de toutes les lignes, nous
dira le directeur des transports, à cet effet. Jusqu'à présent 574 dossiers ont
été déposés à l'ANSEJ, la CNAC et l'ANGEM
dont 51 dossiers pour le transport de voyageurs, 487 pour la marchandise, 31
pour le taxi, 3 pour la création de sociétés de taxis et 2 pour l'ouverture
d'auto-écoles. Ce secteur ne cesse d'attirer du monde vu la facilité de
procédure par rapport aux autres activités du point de vue paperasse ou crédit
bancaire. L'opérateur est tenu de ramener un véhicule grand gabarit pour bénéficier
d'une autorisation d'exploitation. Cependant avec l'ouverture, à grande
dimension, du transport à l'investissement, le risque d'une saturation n'est
pas écarté comme a été le cas durant les dernières années puisque 80% des
dossiers déposés concernent le transport uniquement. Un signe révélateur de
l'afflux des jeunes et des problèmes qui risquent de surgir à l'avenir si une
étude bien ficelée n'est pas élaborée pour déterminer les besoins de la wilaya
et les projections dans dix ou vingt ans. Oran compte 2.600 opérateurs et
presque 6.500 taxis. Faut-il injecter davantage de véhicules dans le secteur ? La
question reste posée.
Des mises en fourrière… mais
Une opération de contrôle a été lancée dernièrement à travers quelques
arrêts de bus tels que Place Valéro, Gambetta, Dar El Beïda et Aïn El Turck. Une opération qui
sera généralisée à toutes les lignes et qui sera menée en compagnie des
services de sécurité. La commission de contrôle a sanctionné 32 opérateurs avec
une mise en fourrière de 30 jours pour manque d'hygiène, changement
d'itinéraire, non respect de la réglementation… Malgré ces inspections, les
dérapages dans le transport sont toujours d'actualité. Une fois monté dans un
bus, le citoyen ne se sent pas en sécurité. Il est d'abord agressé par le son
assourdissant de la musique, lorsqu'il veut se faire une place, lorsqu'il
réclame son ticket, lorsqu'il demande un arrêt et lorsqu'il veut descendre sans
oublier le temps très lassant passé dans un bus.
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Posté Le : 07/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokhtaria Bensaâd
Source : www.lequotidien-oran.com