Algérie

Naufrage d?immigrants clandestins



26 personnes repêchées au large de Beni Saf Lingt-six personnes, des prétendants à l?émigration clandestine en Europe, ont été repêchées hier par les gardes-côtes à 70 km au large de Beni Saf. Deux passagers de nationalité non encore identifiée n?ont pu être sauvés : l?un était déjà décédé avant l?arrivée des secouristes, tandis que l?autre, dans un état critique, devait succomber juste après. Sur une embarcation de fortune, un simple zodiac, les survivants ont dérivé pendant neuf jours. Selon le chargé de communication de la 2e Région militaire, l?alerte a été donnée par les autorités madrilènes qui ont contacté le Centre national des opérations de sauvetage qui, à son tour, a alerté le centre régional. Les responsables de la Façade maritime ouest ont, dès 7h, enclenché l?opération avec deux unités et un avion de type Hercule C130. Vers midi, grâce notamment à une expérience acquise dans ce domaine, les naufragés de plusieurs nationalités ont été repérés et embarqués sur la vedette des gardes-côtes qui les a acheminés vers le port d?Oran. Les victimes, qui ont dû affronter les périls de la mer pendant neuf jours, sont de plusieurs nationalités dont notamment des ressortissants asiatiques du Bangladesh (16 personnes), des Ghanéens, des Maliens, un citoyen de la Guinée Bissau et un Burkinabé. Ces pauvres gens ont pris le départ de la ville marocaine de Nador à destination d?Almeria, en Espagne, où ils espéraient entamer leur aventure européenne. En haute mer, le moteur, n?ayant sans doute pas pu supporter une charge aussi importante, est tombé en panne. Commence alors l?éprouvante épreuve de survie à cause de la dérive, de la perte d?orientation et de la raréfaction des provisions et de l?eau potable. Tous devaient en plus endurer le froid, le délire des plus fragiles et l?angoisse d?un sort incertain avant l?arrivée des sauveteurs. La vedette transportant les malheureux passagers a accosté dans l?après-midi et un important dispositif de secours (SAMU, Croissant-Rouge, Protection civile, etc.) a été mis en place pour donner les soins d?urgence avant le transfert vers le CHU. Selon les bribes de témoignages recueillies, ils devaient être une quarantaine au début de cette aventure qui a mal tourné. Ceux qui ont succombé pendant le naufrage ont dû être jetés à la mer. Un Bangladais tenant debout, mais ne s?exprimant qu?en anglais, décline son identité : Hamza Hocine. Il n?a que 23 ans. Les plus âgés dépassent à peine la trentaine. Un Malien raconte qu?il a passé sept long mois pour aller de Bamako à son lieu d?embarquement. Un autre semble carrément délirer en refusant de se départir de ses souliers qu?il tient à la main et à l?intérieur desquels on remarque encore sa lampe de poche, comme si le cauchemar n?est pas encore fini pour lui. « Je m?appelle Zacharie Mustapha et je viens du Togo, mais je suis musulman », devait-il prononcer tout en évoquant en pleurs son ami (ou son frère) mort durant la traversée, au même titre que beaucoup d?autres, mais sans parvenir à donner des précisions. On apprend seulement de lui qu?il a dû payer environ 1500 euros et a dû affronter toutes sortes d?escroqueries et d?aventures avant d?atteindre l?embarcation marocaine qui devait finalement échouer.


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